Selon un sondage Viavoice pour l’Observatoire de la laïcité, trois Français sur quatre se déclarent attachés à la laîcité, principe majoritairement perçu comme n’étant « ni de droite ni de gauche ».
Des disparités existent cependant en fonction des catégories socioprofessionnelles et de la religion éventuelle des personnes interrogées.
analyse signée Denis peiron pour le site lacroix.com, le 31 01 2019
La laïcité, mieux on la connaît et plus on l’aime. C’est l’un des enseignements du sondage Viavoice (1) rendu public, jeudi 31 janvier, par l’Observatoire de la laïcité. En moyenne, 73 % des Français se disent « assez attachés », voire « très attachés » à ce principe. Mais le pourcentage grimpe à 84 % parmi les sondés qui, invités à choisir entre quatre définitions, ont sélectionné celle qui était la bonne – « un principe qui sépare l’État des religions, permet à chacun de croire ou de ne pas croire, garantit la neutralité des fonctionnaires et l’impartialité de l’administration vis-à-vis de tous ».
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« Un principe républicain essentiel »
En outre, les deux tiers (69 %) des personnes interrogées jugent que la laïcité est « un principe républicain essentiel » et quatre sur cinq (79 %) estiment qu’elle n’est « ni de droite ni de gauche ». Mais on note des disparités entre catégories de la population. « Les personnes les plus aisées (cadres, CSP +) ou plus âgées (retraités) sont à la fois les mieux informées et les plus attachées à la laïcité »,souligne l’institut de sondage.
Ainsi, seuls 59 % des 25-34 ans se disent attachés à la laïcité, contre 85 % des plus de 65 ans. « Un écart que l’on peut attribuer notamment à une compréhension biaisée de la laïcité parmi une partie des jeunes générations, plus portées que les autres à penser, à tort, qu’il s’agit d’un « principe qui interdit les tenues ou signes religieux visibles dans la rue » », décrypte Viavoice.
Un écart de perception entre le principe et son application
Les réponses divergent, de même, assez largement en fonction de la religion éventuelle des répondants. Ainsi, 72 % des protestants et 60 % des catholiques considèrent que la laïcité, du moins dans ses principes juridiques, protège les pratiquants des différentes religions ; mais moins d’un musulman sur deux (45 %) en est convaincu.
Plus globalement, on observe un écart entre la perception du principe de laïcité et sa mise en œuvre. Ainsi, les personnes interrogées sont bien plus nombreuses à penser qu’il rassemble « en théorie » (44 %) plus qu’« en pratique » (18 %).
Ce sondage nous montre aussi que les institutions qui, aux yeux des Français, appliquent le mieux la laïcité telle que définie par le droit, sont l’hôpital public (cité par 58 % des sondés) et la justice (57 %), tandis que l’université publique n’est mentionnée que par 44 % des répondants. L’éducation nationale, elle, est évoquée par une personne sur deux (49 %).
Les difficultés à venir
Interrogés sur l’avenir, les sondés sont 57 % à juger que « la montée des intolérances entre les différentes communautés religieuses » constitue la principale difficulté à laquelle sera confrontée la laïcité en France. Arrivent ensuite les « crispations engendrées par le port de signes visibles de certaines religions » (44 % de citations), « la montée des intolérances entre certains croyants et certains non-croyants » (43 %) et le « communautarisme lié à l’absence de mixité sociale dans certains quartiers » (41 %).