C’est toute la différence entre un coup d’État et un attentat : avec des moyens limités, les terroristes essaient de prendre le contrôle d’une société, non dans les faits mais dans les représentations. Daech n’a pas la capacité, loin s’en faut, d’établir un califat réel en Europe. Mais il a le pouvoir de nous y faire croire.
Qu’avons-nous donc vécu le 13 novembre 2015 ? Après coup, nous devons le voir clairement : une tentative d’intimidation collective visant la soumission psychologique. Mais pas une défaite réelle.
Que sommes-nous devenus ?
La terreur crée souvent son antidote. Du moins à court terme. Face aux attentats, les autorités politiques, la société civile et l’opinion publique se sont instantanément mobilisées dans un esprit de résistance. À l’échelon national et à l’échelon international. Trois ans après, on se souvient avec émotion des discours de solidarité et des symboles de résilience. Trois ans après, la guerre civile visée par l’organisation État islamique a-t-elle été évitée ? Ou bien son risque est-il toujours présent ?
L’objectif de l’organisation État islamique, le 13 novembre 2015, a été d’ouvrir une ligne de front au cœur même de la paix civile française et européenne. D’installer l’idée que les champs de bataille syriens et les rues parisiennes appartenaient au même espace-temps. Tout a été fait pour brouiller la frontière entre la guerre et la paix. Le but du terrorisme, comme l’avait bien dénoncé Kant, c’est de plonger les esprits dans un état de guerre perpétuelle.