Madagascar, incarnée par l’artiste Joël Andrianomearisoa, a aussi réussi son entrée dans la cour des grands avec son Labyrinthe des passions, installation composée de 50 000 papiers de riz noir froissé que le visiteur est invité à pénétrer comme une plongée dans l’opacité de l’inconscient.
« Soudain tout est possible »
L’Afrique n’avait pas fait autant parler d’elle à Venise depuis 2015. Cette année-là, le regretté commissaire américano-nigérian Okwui Enwezor avait invité seize créateurs africains au sein de l’exposition internationale organisée en parallèle des pavillons nationaux. Ils ne sont plus qu’au nombre de sept cette année dans l’accrochage conçu par le curateur américain Ralph Rugoff, qui a convié notamment la Nigériane Otobong Nkanga, primée d’une mention spéciale par le jury de la Biennale.
Par petites touches ou de manière affirmée, le continent fait désormais partie du décor, avec huit pays battant pavillon. Certains, comme le Zimbabwe, présent depuis cinq éditions, ou l’Afrique du Sud qui a loué pour vingt ans un espace à l’Arsenal. D’autres apparaissent par éclipses, à l’instar de la Côte d’Ivoire, présente déjà en 2013 et 2017. « On veut démystifier l’Afrique et montrer aux yeux du monde que nos artistes sont aussi bons que les autres », confie Raphael Chikukwa, commissaire du pavillon du Zimbabwe. Les artistes le savent, la Biennale de Venise sert d’accélérateur dans une carrière. « Soudain tout est possible, sourit Eric Dereumaux, directeur de la galerie RX qui représente Joël Andrianomearisoa. Les grands conservateurs et collectionneurs sont là et ils peuvent changer la vie d’un artiste en un regard ! »