La Fraternité, une valeur d’avenir. En attendant, on fait comment ?

La 6ème édition du Baromètre de la Fraternité a livré son verdict :  pour 84% des Français la fraternité est utile. Pourtant, elle se porte mal.

Quelques chiffres édifiants en témoignent : 60% des sondés voient la France comme un pays tolérant. Ils étaient 75% en 2019. La méfiance vis à vis de l’autre a considérablement augmenté : elle frôle les 80 % en 2023, contre 62%, il y a cinq ans. « La diversité crée des conflits » pour 76% des sondés. Elle « inquiète, nous fait perdre notre identité, nos valeurs » pour 57% des personnes.

De la société du commun vers la société du moi : comment résister ?

Ce baromètre 2024 de la fraternité confirme, s’il en était besoin, le recul de cette valeur républicaine en France, comme probablement dans toute l’Europe. C’est un moment où notre société vacille, n’est plus sûre d’elle-même et de ce qui l’a fondée.

Le respect de la différence, la capacité à dialoguer avec autrui, la revendication égalitaire et fraternelle ne sont plus des valeurs tout à fait majoritaires dans notre pays. La responsabilité des médias, des pouvoirs publics mais aussi de chacun d’entre nous, dépositaires de la citoyenneté, est engagée dans cette dégradation de la société du commun vers la société du moi.

Comment reposer des digues pour faire reculer la haine et le mépris de l’autre ? C’est ce qui nous importe aujourd’hui à France fraternités.

 

3eme édition de « montreur/montreuse d’étoiles », une action pédagogique de France-fraternités, réalisée en partenariat avec la Société Astronomique de France. Une opération où se conjuguent et se transmettent Sciences et Fraternité, c’est à dire la connaissance, la tolérance, le respect des différences, la confiance.

Nous sommes entrés dans une phase où la résistance de l’esprit doit souligner l’importance de résister à l’intimidation des mensonges présentés comme vérité. Comment ?

Par l’éducation à la complexité du monde. Cela implique de la part de la communauté éducative au sens large une vision approfondie et nuancée des problèmes pour s’opposer aux idées simplistes. La recherche, la vérification des informations et l’acceptation des incertitudes sont des aspects cruciaux de cette résistance intellectuelle. C’est un enjeu central de l’éducation.

Par la solidarité et le refus des haines : la coordination des associations dédiées à la solidarité et au rejet des haines doit être mise en avant comme une forme de résistance. Cela suggère une mobilisation collective contre les forces de division et de conflit.

« les tunnels ne sont pas interminables »

Comme l’écrit très bien Edgard Morin, « les tunnels ne sont pas interminables, le probable n’est pas certain, et l’inattendu est toujours possible ». Cela suggère une perspective optimiste et ouverte quant à la possibilité de changement et de résistance réussie.

Sur le terrain au quotidien, notre résistance à nous vise à prévenir les phénomènes de radicalisation politiques et religieux, à promouvoir la richesse des diasporas, à manifester notre solidarité concrète en luttant contre la précarité, et à parier sur l’intelligence de la jeunesse.

Nos compatriotes classent la fraternité  troisième dans le trio de nos valeurs républicaines : aujourd’hui seuls 9% des sondés l’estiment prioritaire. La liberté, 65% et l’Egalité, 25%, ont davantage la cote. Un espoir cependant : 18% des sondés estiment que la Fraternité deviendra centrale dans notre société, demain. Deux fois plus qu’aujourd’hui. Souhaitons que les actes et les mentalités accompagnent ce mouvement. Et le rendent atteignable. Ou mieux, dépassent l’objectif chiffré.