INTERVIEW | NICOLAS SENE – « LE BRUIT DE MA VILLE EN FOND, TOUJOURS »

La vie de la cité Picasso continue d’influencer tes (futurs) projets ?

Oui, et ça va plus loin que ça. C’est Picasso lui-même qui m’influence. Après avoir été lauréat du projet « Filme ton quartier » (France 3), j’ai voulu faire quelque chose d’encore plus grand avec France Télévisions. Avec Eliott Maintigneux, on monte depuis décembre une websérie. On est en phase de réécriture en ce moment. La proximité que j’ai avec mon quartier a plu et a porté ses fruits : il y a 6 épisodes, inspirés de six œuvres de Pablo Picasso – dont Guernica, Les Demoiselles d’Avignon, l’Arlequin et la Femme qui Pleure – et des regards croisés de ma cité. Tous les épisodes sont inspirés du vécu à Picasso et de ce qui s’y passe encore aujourd’hui.

« J’ai envie de filmer le pouvoir d’agir de toutes ces femmes de la cité qui s’investissent (…). C’est un parti pris de changer l’image qu’on a encore des banlieues en 2017. C’est faire une contre-enquête. »

Pour vous donner un exemple concret, La Femme qui Pleure sera inspirée d’une maman – Zouzou – qui a perdu son fils Christian tué par une balle perdue à l’été 2015. C’est violent mais j’ai envie de parler de cette violence différemment. J’ai envie d’explorer le ressenti d’une maman plutôt que de mettre en avant la violence des cités à laquelle on est au final peu confronté. J’ai envie de gommer ce fantasme que nourrissent parfois volontairement les médias et l’imaginaire qu’on se fait des banlieues. J’ai envie de montrer autre chose. À côté de ça pour L’Arlequin, j’ai envie de mettre en scène trois jeunes talents du quartier, chacun dans son domaine, et de faire des portraits croisés. Pour Les Demoiselles d’Avignon, j’ai envie de filmer le pouvoir d’agir de toutes ces femmes de la cité qui s’investissent, à l’intérieur et en dehors. C’est un parti pris de changer l’image qu’on a encore des banlieues en 2017. C’est faire une contre-enquête.