Séraphin Alava indique ensuite, d’après les recherches en sciences sociales, quelles sont les principales étapes de la « radicalisation numérique » :
- le processus de radicalisation est un processus de type conversationnel qui part des préoccupations des jeunes et les conduit vers des idées radicales et de rupture. L’embrigadement est d’autant plus fort que l’éducation est faible.
- Internet est le lieu privilégié de la diffusion des discours de haine. « Toutes les études sur la cyber violence ou la cyber haine nous alertent sur ce point (Gendarmerie royale du Canada, 2013) et les jeunes sont très sensibles à ces arguments, car la violence entre eux est banalisée. L’absence d’une politique forte de contre-discours ou de narrations citoyennes laisse donc la place aux théories complotistes et aux théories suprématistes », relève Alava.
- La radicalisation est un processus de conversion et d’adhésion où l’individu, loin d’être passif, comme hypnotisé, est actif et engagé dans un processus de demandes, de doutes qui s’effectue dans des conversations fondées sur leurs préoccupations. Alava note que « l’extimité » des jeunes, c’est-à-dire leur tendance à exprimer leurs sentiments intimes à des personnes inconnues, est une cource de cyberviolence.
- La banalisation de la violence s’est accrue sur internet et les plus jeunes ne possèdent pas suffisamment de distance critique par rapport à leurs « actes numériques ». « Certains jeux vidéo et certaines pratiques vidéastes des jeunes eux-mêmes construisent un mode virtuel totalement détaché d’un regard critique et laissent penser que les valeurs et les droits humains ne sont que des vieilles idées. La tolérance, le respect de la vie humaine, le refus de l’agressivité, la recherche du consensus sont des valeurs spécifiques de l’âge adulte et non de la jeunesse. Pris dans ces idéologies, les jeunes peuvent passer à l’acte sans prendre conscience du caractère inhumain de leurs actes », souligne Séraphin Aleva.
Par WTF, publié le 31/03/2017