«Il nous reste les mots», le bouleversant dialogue de pères courages

Dans « Il nous reste les mots », Georges Salines, dont la fille Lola a été tuée au Bataclan le 13 novembre 2015, dialogue avec Azdyne Amimour, le père de l’un des trois terroristes. Pour chercher ensemble des réponses au-delà de la haine. C’est un livre de courages. Le pluriel se justifie autant qu’il s’impose. C’est que les deux auteurs ont dû, chacun pour leur part, faire preuve d’une force peu commune pour nourrir ces pages.

Ce post comprend un article et une vidéo. L’article d’Hélène Harbonnier a été publié sur le site lavoixdunord.fr, le 08 01 2020 /La vidéo avec les deux pères a été réalisée par le journal le Point

« C’est un livre de courages. Le pluriel se justifie autant qu’il s’impose. C’est que les deux auteurs ont dû, chacun pour leur part, faire preuve d’une force peu commune pour nourrir ces pages.

Tout pourrait les rapprocher. Leur âge, leur ouverture d’esprit, un amour partagé pour l’Égypte. Ce drame innommable qu’est la perte d’un enfant. La fille de Georges Salines s’appelait Lola, elle avait 28 ans lorsqu’elle a été tuée, le 13 novembre 2015, au Bataclan. Samy, le fils d’Azdyne Amimour, est mort ce soir-là. Il était l’un des trois terroristes.

La fille de Georges Salines, Lola, a été tuée, le 13 novembre 2015, au Bataclan. Sami, le fils d’Azdyne Amimour, était l’un des trois terroristes.
Contre toute attente, ces deux hommes que tout sépare, Georges et Azdyne, ont choisi de se parler. Dans ce livre d’entretiens, ils racontent leurs enfants. Lola, solaire, aventurière. Samy, surnommé « Oui » par ses cousins algériens à force de ne pas savoir dire non. Sami, si difficile à déchiffrer pour ses parents, qui bascule, au tournant de l’âge adulte, dans un islam radical qu’eux-mêmes n’ont jamais pratiqué, et qui, un jour, part faire le djihad en Syrie. Quand il reviendra en France, ce sera pour commettre un attentat.

Azdyne Amimour n’a pas compris un geste qu’il n’arrive pas à pardonner. À Georges Salines (fondateur de l’association 13onze15 : Fraternité et Vérité), avide de « démêler les fils qui ont animé ce sanglant théâtre de marionnettes », il dit son sentiment de culpabilité, sa douleur immense – et inacceptable, en tant que parent d’un tueur. Leur récit en miroir des heures suivant les tueries, de leur incrédulité quant à la possibilité même que leur enfant puisse être impliqué, suffoque.

Il nous reste les mots ne livre pas de réponses, mais ose poser les questions. Et surtout, constitue, selon les auteurs, « une extraordinaire opportunité de montrer qu’il nous (est) possible de parler (et) (d’)abattre les murs de méfiance, d’incompréhension, et parfois de haine, qui divisent nos sociétés ». Saisissant. »


« il nous reste les mots », publié par les Éditions Robert Laffont, 216 pages, 18 €.