La fraternité, parent pauvre mais endurant du triptyque républicain

La fraternité, parent pauvre mais endurant du triptyque républicain

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Empruntant au christianisme comme à la tradition maçonnique, la fraternité est restée au Panthéon des valeurs de la république depuis la Révolution de 1848, sans rivaliser avec l’égalité ou la liberté. Consensuelle et non contraignante, elle n’est ni de droite ni de gauche… et un peu évanescente.

En 2015, pour les fêtes de fin d’une année marquée par deux séries d’attentats sans équivalent dans le passé, François Hollande appelait les Français à davantage de “fraternité”. La harangue ne mangeait pas de pain : qui donc pourrait reprocher à un homme politique d’invoquer la plus consensuelle des trois valeurs républicaines ? Quelques mois après les débuts de la Révolution française, la fraternité s’entendait déjà comme un appel à la réconciliation au sein d’une société éclatée. Le 14 juillet 1790, un après la prise de la Bastille, la Fête de la Fédération avait ainsi vu fleurir bon nombre de drapeaux flanqués du mot “fraternité”.

Pourtant, après avoir réactivé un temps cette valeur qui puise à la fois dans le christianisme et la franc-maçonnerie – on dit “mes frères” dans les deux cas -, la période révolutionnaire sera funeste pour la fraternité. C’est la Terreur qui achève de la déconsidérer, comme si l’époque y voyait une valeur trop cosmétique. Mais, dès 1789, on remarque que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n’en dit pas un mot, tandis que les Constitutions de 1791 et 1793 la bouderont juste après au profit des seules “égalité” et “ liberté”.