F. B. : La force de l’offre jihadiste n’est pas seulement son caractère religieux, c’est qu’elle répond à une demande multiforme. Les individus n’ont pas tous les mêmes failles, les mêmes problèmes, elle est en mesure de répondre à plusieurs d’entre elles. C’est aussi le miroir où se reflète le malaise social, politique, culturelle, économique en Occident bien sûr, mais dans un mode chaotique. Ces femmes jihadistes portent en elles les symptômes de notre monde en proie à des contradictions insurmontables pour beaucoup d’êtres humains.
Les quelques tentatives de déradicalisation ont été peu concluantes, que proposez-vous ?
F. B. : L’expérience du centre de Pontourny en Indre-et-Loire (1) n’a pas pu avoir lieu comme elle a été prévue par ses concepteurs, des chercheurs et des praticiens de terrain. Le cabinet du Premier ministre Manuel Valls, pour des raisons politiques, l’a détourné de sa visée, il a imposé la notion de «volontariat» et a voulu ménager la commune de Pontourny en prétendant accueillir des radicalisés softs, dont le diagnostic est confié à l’administration et non à des professionnels. Aucun radicalisé ne se dit radicalisé et encore moins volontaire pour être «déradicalisé». Ces décisions ont conduit le centre vers l’impasse, puis après avoir dépensé beaucoup de moyens, on a décidé de mettre un terme à l’expérience, en fait pour camoufler la bévue politique.