«La violence exercée par les jeunes femmes jihadistes est d’abord tournée contre elles-mêmes»

Les sociétés européennes sont marquées par une désacralisation du politique. De ce fait, on croit qu’en projetant le politique dans un horizon sacré, on va réinventer le monde. Bien évidemment cet imaginaire est impuissant à l’épreuve du réel. Mais peu importe. Pour ces jeunes filles, le politique, c’est avant tout la recherche d’une vie familiale solide.

Quel est le rapport de ces femmes à la religion ?

F. K. : Partout, il y a un délitement de l’institution religieuse, même dans l’islam. Alors que la religiosité traditionnelle est fondée sur l’affirmation d’une positivité, là, prévaut l’adage : «Je te fais peur donc je suis.» Celles que nous appelons les «héroïnes négatives» ont recours à la violence comme affirmation de soi. On observe chez les hommes comme chez les femmes, une religiosité qui repose sur une dimension provocatrice fondamentale et un ressentiment.