Portrait. Farid Abdelkrim est resté un quart de siècle chez les Frères musulmans. Il raconte aujourd’hui son histoire dans des spectacles de stand-up, et travaille comme médiateur en milieu carcéral.
De sa jeunesse dans les années 1980, Farid Abdelkrim évoque la délinquance dans laquelle il est tombé et « l’éducation populaire française en perte de vitesse ». Né en 1967 à Nantes, il parle aussi du décès tragique d’un de ses amis tué après une rixe avec la police : « Quand vous avez 17 ans et que vous prenez ça en pleine figure, vous pensez que ça peut vous arriver aussi. »Attiré chez les Frères musulmans par « un discours séduisant, simpliste », il met toute son énergie au sein de la branche jeunesse de l’Union des organisations islamiques de France (aujourd’hui Musulmans de France), jusqu’à en prendre la tête. Un parcours qu’il raconte dans le premier épisode de sa vidéo « pourquoi j’ai cessé d’être islamiste » diffusé sur sa chaîne you tube « un muslim qui te veut du bien »
Mais au fil des ans, il ouvre les yeux sur ce qui, dans cette organisation, s’oppose à ses valeurs : « On se servait de Dieu et des hommes pour contenter nos ego ». Partir n’est pas si simple pour lui dont l’entourage est uniquement composé de « frères » et qui est alors convaincu que la société rejette son identité et sa religion…Après avoir définitivement claqué la porte des Frères musulmans et raconté son expérience dans un livre (1), il laisse éclore sa passion de la scène : le stand-up lui permet de partager son histoire. « L’autodérision vous remet à votre place et permet de vous élever », convient-il aussi. L’humoriste cherche à susciter le débat autour de pratiques allant du business abusif des pèlerinages au terrorisme. « Le public est content de voir qu’il existe cette capacité à rire tout en posant des questions graves », se réjouit-il.
Voir la suite de son récit dans ce deuxième épisode de son récit.
Encourager le dialogue
Même s’il affirme « ne pas vouloir changer le monde », Farid Abdelkrim s’engage contre les extrémismes en étant notamment médiateur en milieu carcéral. Il voit dans son travail une façon d’« aider à la construction de ponts et à la destruction de murs », en encourageant le dialogue entre les croyants mais aussi avec les non-croyants. Et réaffirme l’importance de la laïcité comme un rempart de la liberté de conscience, à savoir « le droit d’avoir une religion comme de ne pas en avoir, de croire ou de ne pas croire ».
(1) « Pourquoi j’ai cessé d’être islamiste », éd. les Points sur les i, 2015, 264 p., 18,90 €
Lire aussi : La Croix avait déjà publié un entretien en 2018 dans lequel Farid Abdelkrim décryptait l’impasse de la haine contre la France et de son désir de revanche qui l’avaient habités pendant des années.Une fois sorti de la sphère frériste, Il écrira un essai intitulé « L’islam sera français ou ne sera pas « , éd. les Points sur les i