Des « couloirs humanitaires » pour un accueil des réfugiés les plus vulnérables en France et en Europe

C’est dans le contexte dramatique des “voyages de la mort” conduisant des milliers de réfugiés à perdre la vie en Méditerranée et en démonstration d’une alternative possible, sûre et soutenable, que la Communauté internationale de Sant’Egidio, en lien avec d’autres associations chrétiennes a proposé à divers gouvernement en décembre 2015 le projet pilote des Couloirs humanitaires.

Lancé pour la première fois en Italie en février 2016, les Couloirs humanitaires ont déjà permis d’accueillir plus de 3500 réfugiés en Italie, en France, Belgique et Andorre, fuyant la Syrie, l’Irak, la Lybie, l’Ethiopie et Lesbos, et auxquels ont été garantis une voie d’accès sûre en Europe (par avion) en même temps qu’un programme d’intégration.

La communauté française a suivi en 2017. « En 3 ans, nous avons accueillis 504 réfugiés et n’avons connu aucun échec  » se félicite Valérie Régnier, la présidente de la communauté Sant’Edigio en France. Au point d’ « impressionner » le gouvernement qui a été le premier à renouveler l’accord le 12 avril dernier, pour les 3 ans à venir et concernant 300 nouvelles arrivées

Suite au protocole d’accord signé entre Sant’Egidio et les SSF avec le gouvernement, 3 familles syriennes sont arrivées cette nuit en France (03/06/2021).

Une initiative humanitaire originale exemplaire

La spécificité des couloirs humanitaires est de ne rien laisser au hasard dans le choix des personnes qui seront prises en charge. Là où l’ONU qui fait face à la surpopulation de beaucoup de camps, se contente le plus souvent d’un seul entretien avec les réfugiés, Sant’Edigio a mis au point un dispositif de sélection basé sur 3 entretiens étalés sur 9 mois :  » Nous avons choisi de vivre au milieu des réfugiés. Dans les camps, tout le monde sait tout sur tout le monde. Nos volontaires accompagnent les personnes identifiées au cours d’un premier entretien et peuvent vérifier au fil du temps la motivation des familles concernées »  explique Valérie Régnier

Valérie Régnier, présidente de la communauté Sant’Edigio en France

Un luxe de précaution qui tient avant tout au choix de Sant’Edigio de privilégier les plus vulnérables. Selon les valeurs de la communauté, il s’agit d’aider les plus pauvres, ceux qui n’ont jamais eu accès à la formation et qui n’ont jamais voyagé auparavant. « La confession des uns et des autres ne rentrent évidemment pas en ligne de compte » précise Valérie Régnier.

Au fil des entretiens, les volontaires de l’association construisent un projet de vie avec les familles qui devra être signé avant le départ. Les réfugiés sont informés du monde qui les attend, une charte des valeurs républicaines traduites en arabe leur est fournie. Ils découvrent ainsi la laïcité et se voient expliquer la loi sur l’

interdiction signes religieux ostentatoires dans l’enseignement . « Il y a des questions, mais pas d’hésitation« , ajoute encore Valérie Régnier.

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Arrivée en France et prise en charge par un réseau très opérationnel

Les communauté et associations promotrices du programme assurent à leurs frais le transport des réfugiés tout comme l’accueil et l’assistance nécessaire pour réussir à mettre en place des parcours d’intégration dans le pays d’accueil.
En France, les personnes accueillies sont entourées par des collectifs citoyens (associations, paroisses, communautés, société civile) actifs désormais dans 41 départements et comptant plus de 2500 bénévoles (26 départements accueillent déjà deux familles et plus).

La priorité est toujours donnée à l’apprentissage de la langue française et à la scolarisation immédiate des enfants. Une fois le statut de réfugié obtenu, les adultes sont guidés vers l’insertion professionnelle, avec l’objectif d’accéder à l’autonomie dans un délai moyen d’une année, afin de pouvoir laisser le logement pour d’autres familles.

De fait, en France, les 504 personnes arrivées depuis la signature du premier protocole se sont très bien intégrées. Les familles accueillies dans les départements les plus ruraux n’ont pas cherché à rejoindre de grandes métropoles comme le font les réfugiés d’autres filières et se sont installées sur place dans les villes moyennes.  « L’intégration prend 12 à 18 mois au terme desquels l’ensemble des accueillis sont totalement autonomes au point que certains jeunes une fois naturalisés demandent à participer à des opérations…Certains, arabophones, viendront avec nous à Lesbos », se réjouit Valérie Régnier

D’autres réfugiés attendent encore de pouvoir être accueillis en France et toutes les propositions de lieux et de collectifs d’accueil sont donc plus que jamais les bienvenues, pour que l’élan de fraternité continue de se propager en démontrant qu’il est possible de bâtir une Europe cohérente à ses idéaux d’humanisme, de solidarité et d’intégration.  Pour en savoir plus, voir le tout nouveau site Sant’Edigio et les couloirs humanitaires , vous y trouverez notamment la procédure permettant de rejoindre les collectifs d’accueil citoyens qui encadrent les réfugiés pendant leur période d’intégration