Le déni de réalité des violences sexuelles …
Réalisatrice d’un documentaire sur l’affaire du viol de New Delhi, Leslee Udwin raconte que l’un des coupables, alors emprisonné, ne cessait de s’étonner qu’une histoire qu’il jugeait aussi banale ait pu susciter un tel tapage. « Une fille décente ne se promène pas dehors à 21 heures. Dans un viol, la victime est plus responsable que l’agresseur. » Et d’ajouter: « On avait le droit de lui donner une leçon. Elle n’aurait pas dû résister pendant le viol, on ne l’aurait pas tuée si elle s’était laissé faire. »Des propos odieux, guère surprenants venant d’un assassin. Ce qui est plus troublant, c’est de constater que l’élite d’un pays tient sur les victimes des propos identiques. L’un des avocats des accusés affirma ainsi que la victime était responsable de l’agression, car n’ayant aucune excuse pour se trouver sur la voie publique après le coucher du soleil. « Je n’ai jamais constaté dans ma carrière un seul cas de viol impliquant une femme respectable« . L’avocat poursuivit: le compagnon de la victime est seul responsable car il a été incapable de protéger la vertu de sa compagne. En 2014, un Ministre établit une relation de cause à effet entre hausse du nombre de viols et adoption du style vestimentaire occidental par les femmes. Un autre affirma que les viols collectifs étaient des crimes « où les torts étaient partagés. Parfois ce n’est pas juste. D’autres fois, c’est mérité. » Même les femmes suivent le mouvement. Sheila Dixit, dame de fer du Parti du Congrès, Ministre en Chef de Delhi à l’époque de l’affaire, s’est ainsi distinguée en 2008 pour avoir partiellement blâmé une journaliste assassinée sur le trajet entre son bureau et son domicile: « conduire toute seule à 3 heures du matin, dans une ville où les gens pourraient penser que… vous voyez… ce n’est pas bien de prendre des risques. »
Le père de la victime du viol de 2012 déplora lui-même l’amère vérité des comportements envers les femmes en Inde dans une tribune poignante: « L’un des assassins de ma fille pense qu’elle a demandé à être violée […] Beaucoup d’hommes, de bonne famille et avec de beaux diplômes, ont l’air de penser pareil. Comment nos filles peuvent étudier et travailler en toute liberté dans une société qui a de telles idées? »