Le déni de réalité des violences sexuelles …

 Rare est le moment où une affaire de viol dépasse le stade du fait divers, pour devenir le révélateur d’un problème public massif, devenu intolérable. Cela avait été pourtant le cas en décembre 2012, avec l’affaire du viol collectif de New Delhi. La barbarie absolue du crime, survenu dans un bus dévalant les rues des quartiers riches de la capitale, l’agonie de la victime qui finit par mourir de ses blessures, saisirent d’effroi le pays. Des millions d’Indiens descendirent dans les rues, appelant au « plus jamais ça! ». Le gouvernement promit des actions coup de poing: procès accélérés, relèvement des peines, effectifs de police renforcés. Cinq ans plus tard, aucune des réformes n’a véritablement été appliquée. Les victimes souhaitant déposer plainte sont menacées, agressées, y compris par les autorités médico-légales. La pratique hasardeuse du toucher vaginal, afin d’évaluer si la plaignante a une moralité aussi relâchée que son hymen, est toujours utilisée malgré son interdiction.

Il suffit que les media abordent le sujet des violences sexuelles pour que le victim blaming s’exprime librement, via micro-trottoir ou déclarations publiques affirmant qu’une femme violée l’a un peu cherché.