À 26 ans, celui qui a grandi au Puits-la-Marlière est en phase de réaliser un de ses rêves : créer sa marque de montre connectée : « 15.11.i » . Dans quelques jours, il part aux Etats-Unis.
article de Maïram Guissé publié sut le site leparisien.fr, le 05 08 2019
Il a fait du temps son allié. Pour devenir celui qu’il veut être. Ambassadeur d’une marque, « 15.11.i », la sienne, dans l’horlogerie. À 26 ans, Emmanuel Kinzonzi vit ses rêves. Dans quelques jours, cet habitant de Villiers-le-Bel s’envolera pour les Etats-Unis. Direction l’une des grandes universités de Californie : Berkeley. Là-bas, il va suivre un programme intensif de cinq mois, entouré de chefs d’entreprise de la Silicon Valley. Objectif : développer le produit de sa marque : une montre connectée et inspirante.
Et pas n’importe laquelle : celle-ci se veut « inspirante ». Plus que l’heure, elle délivre des messages encourageants. « Nous avons deux concepts, le premier je ne peux pas trop en dire, prévient-il. Pour le deuxième, la montre connectée, elle mesure le rythme cardiaque, le pouls et détermine dans quel état d’esprit est le porteur de la montre. Si la personne est stressée, un message comme Calme-toi, tu vas réussir, sera envoyé sur son téléphone. L’idée c’est d’être toujours positif, inspirant. »
Surnommé «l’ambassadeur»
Sur son smartphone, Emmanuel conserve des photos d’un prototype de son produit au style indéniable. Dans un cadran noir, quatre cavaliers s’affichent. « Aux échecs, c’est une pièce décriée. Mais quand tu la places au centre du jeu, elle peut faire énormément de choses. Pour moi, c’est la capacité à devenir, à être. Si tu maîtrises ton temps, tu arrives à t’accomplir peu importe d’où tu es. »
Il vit au Puits-la-Marlière quand il se lance, en 2017, dans cette aventure. Plus jeune, il est surnommé « l’ambassadeur ». « Parce que j’arrivais à aller dans tous les quartiers de la ville, malgré les tensions, pour vendre des baskets. » Plus tard, il ne rêve que de voyages. « Un jour Irwin Zelphin [un habitant de la ville] m’a dit, si t’as un projet, la préfecture peut t’envoyer gratuitement au Canada pour travailler dessus. »
Une idée née lors d’un mariage
Pour le lycéen, c’est une opportunité. Reste à trouver l’idée. « Le lendemain, je vais à un mariage. Un de mes amis était très habillé. Je lui demande l’heure, il regarde sa montre mais a du mal à la lire et finit par sortir son portable. Je réalise que la montre est devenue un accessoire. Je me suis demandé comment en faire un autre usage, comment concevoir le temps autrement. »
Le lendemain, il écrit un projet. En parle à deux amis, Sylvain Djeassittarame et Samuel Colpa, rencontrés sur les bancs du lycée de la Tourelle, à Sarcelles. Le premier se charge de la partie financière, le second de l’ingénierie. « J’ai finalement pu aller au Canada. Là-bas, le projet plaît. Je me dis qu’il y a quelque chose à faire. » Le slogan de la marque « We become » (« nous devenons ») naît.
Recalé à HEC, il intègre Berkeley
Déterminés à atteindre leurs objectifs, ils le sont. Après leur Master en alternance, Emmanuel et Sylvain, tentent d’intégrer HEC. Mais sont recalés. « Ça a été dur », concèdent-ils. C’était peut-être pour le mieux. Emmanuel postule pour intégrer la promotion X des Déterminés, association fondée par Moussa Camara pour favoriser le développement de l’entrepreneuriat en banlieue et en milieu rural. Il est pris. « Ça a été un accompagnement très riche. Sept semaines intenses qui me permettent aujourd’hui d’aller à Berkeley », sourit Emmanuel, reconnaissant.
Pour que le voyage puisse se faire, Sylvain a lancé une campagne de financement participatif. « Ça a été un succès, se réjouit-il. Il fallait récolter 7 000 € pour le transport, la nourriture, le logement. » « Des entreprises ont donné, la ville a payé le billet d’avion et beaucoup ont fait un don, détaille Emmanuel. Les habitants nous boostent, c’est ça que j’aime à Villiers. Cette ville a été un catalyseur pour réussir. »