Dans le cadre d’un article sur le département de la Seine-Saint-Denis, nous avons pu récolter certains témoignages d’anciens ou d’actuels Séquano-Dyonisiens, nous vous livrons aujourd’hui l’un des témoignages que vous pourrez lire dans ce prochain article.
Elle s’appelle Dalila Ennadre. Née en 1966, cette réalisatrice d’origine marocaine, primée à plusieurs reprises, nous transporte dans la vie quotidienne de plusieurs Marocains à travers ses films et ses documentaires, comme Des murs et des hommes, Hob’Ness et bien d’autres.
Avant ça, Dalila grandit en France, à Saint-Denis. Et pour une fois, ce n’est pas l’histoire des Marocains qu’on lira mais celle de Dalila. Dalila et la Seine-Saint-Denis… Entretien.
Vous êtes aujourd’hui réalisatrice, d’origine marocaine, et vous avez grandi à Saint-Denis. Parlez-nous de votre enfance dans le 93.
Mes parents ont fait partie de la vague d’immigration marocaine au début des années 60. J’ai connu la vie difficile mais très riche du bidonville du Chemin de Marville.
Ensuite, nous avons été relogés dans une cité de transit,en face des 4000 logement, dont nous avons finalement jamais transité (politique bidon de l’époque). Je me souviens de l’ambiance de notre petite cité qui ne connaissait ni repli ni communautarisme. Nous étions une légion d’enfants arabes, portugais, yougoslaves qui ne cessaient de s’inventer des jeux et des rêves -saveur « La Guerre des Boutons ».
J’ai par la force des choses été amené à quitter la cité et aller vivre par la suite de par le monde (Amérique du sud, Amérique du Nord, Allemagne…)
Ensuite, nous avons été relogés dans une cité de transit,en face des 4000 logement, dont nous avons finalement jamais transité (politique bidon de l’époque). Je me souviens de l’ambiance de notre petite cité qui ne connaissait ni repli ni communautarisme. Nous étions une légion d’enfants arabes, portugais, yougoslaves qui ne cessaient de s’inventer des jeux et des rêves -saveur « La Guerre des Boutons ».
J’ai par la force des choses été amené à quitter la cité et aller vivre par la suite de par le monde (Amérique du sud, Amérique du Nord, Allemagne…)
Avez-vous toujours un lien avec le 93 ? (famille, entourage, projet « Espace 1789 »)
Certains membres de ma famille y habitent. J’ai été en Résidence à L’Espace 1789 où j’ai eu le plaisir de créer un projet autour de mon cinéma avec les habitants des quartiers de Saint-Ouen: magnifique expérience.
Certains médias présentent la banlieue, surtout le 93, comme une zone de non-droit et sa population comme ayant du mal à s’insérer. Votre exemple et celui de bien d’autres détruisent ce cliché. Qu’en pensez-vous ?
Concrètement les politiques « sparadraps » qui ont été menés dans les banlieues et qui n’ont pas donné grand chose parce qu’elles n’agissaient jamais en profondeur et ne restaient de fait que des décisions politicardes, se succèdent et ne font que pousser les gens au communautarisme. Mais personnellement, je pense qu’il faut beaucoup plus compter sur la volonté personnelle pour avancer dans sa vie, que des décisions politiques. Je pense que chaque personne se doit de persévérer coûte que coûte pour se cultiver et trouver sa voie propre. A fortiori, nous, les enfants de l’immigration. Il s’agit du respect de notre Mémoire. Nous devons cette réussite à nos aïeux qui ont donné leur sang pour la France et subit tant de violence et de racisme et qui ont contribué à l’avancement de la France qui demeure – quoi que certains en disent- aussi notre pays.
Qu’est-ce que vous conseillerez aux jeunes du 93 aujourd’hui ?