Coronavirus : le délicat suivi de la santé des migrants évacués d’Aubervilliers

Vingt-cinq personnes avec de la toux ou de la fièvre et un homme hospitalisé avec une forte suspicion de contamination au Covid-19. C’est le bilan sanitaire qu’a réalisé Médecins Sans Frontière (MSF) après être intervenu auprès de chacune des 727 personnes évacuées mardi matin du campement de migrants de la rue Madeleine-Vionnet, à Aubervilliers.

article par Anthony Lieures publié sur le site leparisien.fr, le 25 03 2020

L’association s’est rendue dans les six centres de mises à l’abri, deux gymnases à Paris et quatre sites en Seine-Saint-Denis : 90 personnes sont hébergées dans un gymnase à Livry-Gargan, 60 dans un autre aux Pavillons-sous-Bois, et deux hôtels sont réquisitionnés à Drancy et Stains.

Le résultat du test pratiqué sur le cas le plus suspect, qui avait été conduit dans un gymnase de la capitale, n’avait pas encore été communiqué à l’association ce mercredi soir.

Seulement cinq kits de dépistage
Le bilan n’a pu être effectué que dans des conditions très précaires, puisque MSF ne bénéficiait que de cinq kits de dépistage. « Comme il était impossible de tester tout le monde, nous avons réagi selon l’état physique des personnes, explique Corinne Torre, cheffe de mission France, chez MSF. La suspicion, cela peut être de la toux ou de la fièvre. Si c’est les deux, cela devient plus sérieux. Dans tous les cas, on fait porter un masque immédiatement à la personne et on l’isole. »

Anne-Claire Mialot, préfète à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis, rappelle que l’Etat a « veillé à ce que deux fois moins de personnes soient hébergées dans les gymnases que dans le cadre de mises à l’abri classique. »

« Mais cela reste très difficile d’isoler dans ces conditions », prévient Corinne Torre. Sur certains sites, un étage a été réservé pour installer des lits pour les cas suspects. « Et nous nous assurons qu’ils ne descendent pas en rez-de-chaussée », poursuit-elle.

Le risque d’une « contamination générale » d’un site
Dans d’autres gymnases, confiner vire pour l’instant au casse-tête. « On alerte sur le fait qu’un gymnase, c’est mieux que la rue mais il faut être en capacité d’isoler des cas suspects et de faire des tests le plus vite possible », poursuit la cheffe de mission, qui considère qu’il y a encore « de nombreux efforts » à faire.
« Si ces personnes doivent rester plusieurs semaines, on doit créer des salles d’isolation, laver systématiquement les sols, sensibiliser les hébergés pour qu’ils se lavent très souvent les mains… poursuit-elle. C’est un travail qui va prendre du temps mais qu’il faut impérativement mener, en lien avec l’ARS et la préfecture. Si ce n’est pas fait d’ici une semaine, on ne pourra pas continuer ainsi, car s’il s’avère qu’il y a des cas positifs qui n’ont pas pu être isolés, on a un risque de contamination générale d’un site. »