Les droits artistiques de son nouveau titre Effets secondaire, disponible sur toutes les plateformes depuis ce vendredi, seront reversés aux deux hôpitaux de Seine-Saint-Denis et des Yvelines.
article par Nathalie Revenu et Claire Guédon publié sur le site leparisien.fr, le 10 04 2020
C’est confiné dans son appartement, entre les devoirs de ses enfants et les tâches quotidiennes, que Grand Corps Malade, alias Fabien Marsaud, 42 ans, a écrit les rimes bien senties d’Effets secondaires. Un titre disponible depuis ce vendredi sur toutes les plateformes de téléchargement, et dont l’intégralité des bénéfices sera reversée aux hôpitaux de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Pourtant, il l’avoue ce nouvel emploi du temps ne lui laisse plus beaucoup de temps pour écrire ou lire. Avant le confinement, il venait tout juste de terminer l’écriture et l’enregistrement de son nouvel album, Mesdames, dix duos avec dix actrices et chanteuses.
Un slam sur «ce virus immonde»
« Mon quotidien a changé. Je suis confiné. C’est complètement inédit, non seulement pour notre génération, mais aussi celle de nos parents et de nos grands-parents. Je me suis mis à écrire naturellement sans trop savoir où j’allais. C’était une réflexion que je pouvais partager avec des gens », explique l’auteur. Ces phrases jetées sur le papier sont devenues un slam sur « ce virus immonde », et ses bouleversements.
Mais aussi un hommage aux « transparents de la République » et une charge contre la société à coups de punchlines incisives. « Si ce virus nous montrait qui sont les vrais héros, ce n’est que maintenant qu’ils font la Une des journaux, pendant que le CAC 40 est en quarantaine », scande le chanteur.
Il se souvient peut-être aussi qu’à l’âge de 20 ans, il s’était réveillé tétraplégique sur un lit d’hôpital après un terrible saut dans une piscine à moitié vide. Il était revenu à la vie après un mois en réanimation.
Hommage au personnel médical
L’introduction d’Effets secondaires s’ouvre sur les applaudissements qui retentissent tous les soirs à 20 heures aux fenêtres en hommage au personnel médical. Et la voix profonde de Grand Corps malade déclame : « Si ce virus avait beaucoup d’autres vertus que celles de s’attaquer à nos poumons vulnérables, s’il essayait aussi de nous rendre la vue sur nos modes de vie devenus préjudiciables. »
Même le processus créatif d’Effets secondaires a été dicté par la situation. Impossible d’enregistrer en studio, la voix a été capturée par son iPhone, puis envoyée par Internet à son producteur et transmise au compositeur Mosimann qui l’a mise en musique. En 24 heures, Effets Secondaires était en ligne.
Les droits artistiques seront reversés à deux hôpitaux. Saint-Denis, la ville où il a grandi, et Mantes, celle de son producteur Jean-Rachid.
«Besoin de voix»
Ce vendredi soir, plus de 135 000 personnes avaient consulté la vidéo sur YouTube. Le personnel de Delafontaine, l’hôpital de Saint-Denis, aussi. « Nous sommes bien sûr très contents. Tout le monde n’a pas encore eu le temps de visionner le morceau… On a vraiment la tête dans le guidon ! », indique la direction de l’hôpital.
Joëlle Laugier, médecin qui coordonne avec un autre praticien la cellule d’appui psychologique au personnel mobilisé contre le Covid-19, ajoute : « Cet engagement de Grand Corps Malade nous fait très plaisir, surtout venant de lui qui est un enfant de Saint-Denis. Au-delà de la crise sanitaire que nous vivons, nous avons besoin de voix qui médiatisent ce que les équipes soignantes tentent d’expliquer depuis des mois et des mois. »
La praticienne fait partie des 80 médecins de Seine-Saint-Denis qui ont tiré le signal d’alarme sur le manque de personnels et de moyens au sein des hôpitaux publics, début février. Ceux-ci ont démissionné au cours de l’hiver de leurs fonctions administratives de chef de service, de responsable d’unité fonctionnelle ou d’élu de la communauté médicale. Ils avaient décrit leur « épuisement » collectif et l’urgence de la situation.