Que nous apprend, selon vous, son discours sur le processus de radicalisation ?
C.R : Beaucoup ! C’est un discours construit qui n’a rien à voir avec l’analyse simpliste de certains politiques et « experts » pour lesquels « le terrorisme frappe la France pour ce qu’elle est », comme l’a dit Manuel Valls au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 ou « parce qu’ils détestent notre façon de vivre » (le juge Marc Trévidic). C’est tellement plus facile de se dire ça. Alors que la colère de ces individus ne vient pas de rien, elle est nourrie, et surtout par nos propres actes. À l’étranger, les guerres que nous menons pour défendre nos intérêts davantage que les populations. Dans le pays, le racisme et la façon dont nous traitons les Français d’origine étrangère car nous n’assumons pas notre passé colonial. Un des points fondamentaux de son discours est la crispation autour de la laïcité. Brandie en étendard, elle s’apparente surtout à de l’islamophobie. En 2003, la loi sur les signes religieux ostensibles à l’école visait surtout le port du voile. Sans parler de la polémique autour du burkini l’été dernier. Son discours doit nous inciter à réfléchir sur les causes plus profondes de la radicalisation, la relégation scolaire, la violence sociale et politique, la ségrégation urbaine, la précarité, la misère ou la violence policière.