#Charlie #Tribune: « Fluctuat nec mergitur » (il [le bateau] est battu par les flots mais ne sombre pas)

Après le massacre de l’équipe de Charlie hebdo, la citation latine « fluctuat nec mergitur » (qui est aussi la devise de la ville de Paris)  a été réutilisée par les artistes et reprise par les internautes pour dire que la capitale ne se laisserait pas impressionner par ces actions terroristes.

La devise reprise par le dessinateur de bande dessinée Joann Sfar (2015)

République. En une heure, le collectif Grim Team a graffé la devise de Paris (2015)

 

A l’occasion du 4 ème anniversaire de l’attentat, la journaliste Isabelle Kersimon  réutilise cette devise de résilience pour  dire simplement que nous n’oublions pas les très nombreuses victimes et, que forts de nos valeurs, nous sommes et serons toujours debout…  
« Parce qu' »être Charlie », ce n’est pas nécessairement adhérer aux publications du journal des survivants et de ceux qui ont été lâchement assassinés par des terroristes agissant au nom d’Al Qaida le 7 janvier 2015, nous laissant exsangues de chagrin et choyant en nous le souvenir de leur tendresse et de leur générosité.
 
Parce qu' »être Charlie », c’est défendre la liberté d’expression dans les limites imposées par la loi, dans notre République où cette liberté est un droit fondamental et où elle s’épanouit depuis des siècles, abreuvant nos esprits curieux et désireux d’améliorer soi-même et le monde, quelle que soit notre confession, ou notre absence de confession.
 
C’était le sens de ce grand rassemblement du 11 janvier 2015, où nous avons mêlé nos silences, nos larmes et nos promesses de maintenir la flamme de la création, de la liberté de conscience, de la fraternité, de la laïcité et de combattre sans relâche, encore et toujours, toutes les formes de haine.
 
La jeune policière municipale Clarissa Jean-Philippe a été abattue le lendemain du massacre de la rue Nicolas-Apert à Montrouge, tandis qu’elle accomplissait son devoir. Elle est l’autre femme, avec la psychanalyste Elsa Cayet, à avoir succombé à la haine distincte des tueurs à l’aube de cette funeste année-là.
 
Puis vint le 9 janvier, qui nous ébranla dans l’horreur renouvelée des traumatismes infligés par Mohamed Merah. Philippe Braham, Yohan Cohen, Yohav Attab et François-Michel Saada furent exécutés parce qu’ils étaient Juifs.
 
Et l’innommable se reproduisit, et la mort recommença de frapper en beuglant qu’elle le faisait au nom de Dieu, au nom d’Allah et de son prophète. Mais Dieu, mais Allah et son prophète, n’ont rien demandé de tel.
 
Et notre devoir, au nom de toutes les victimes, de celles qui ont disparu et de celles qui ont survécu, est de tenir bon, de tenir debout, de tenir en certitude, de tenir dans la force, la détermination et l’amour, chaque jour, forts de nos valeurs communes. Leurs visages nous accompagnent et restent gravés dans nos coeurs. 
Isabelle Kersimon
[La fresque représentant le policier Ahmed Merabet, également réalisée par l’artiste C215, se trouve boulevard Richard-Lenoir. Celle de Clarissa Jean-Philippe, avenue Brossolette à Montrouge.]