« Je vois déjà la mort devant nous »
Farhad Mohammed, un Kurde Irakien de 34 ans, joint par téléphone, se trouve dans le principal hangar mis à disposition par les autorités biélorusses à Bruzgi, à deux kilomètres de la frontière. Mille personnes environ s’y entassent. « Actuellement, nous attendons tous une bonne nouvelle venant de l’Union européenne, qu’ils nous autorisent à rentrer », affirme-t-il. Un espoir entretenu par les services biélorusses, qui recrutent régulièrement de nouveaux candidats aux tentatives de passages en force, leur promettant de l’aide.
Farhad déplore les conditions de séjour dans le centre. « Nous n’avons pas le droit de sortir. Même quand nous allons aux douches, nous sommes accompagnés par l’armée. Rien n’est gratuit ici, et les Biélorusses nous exploitent : payer pour recharger son téléphone, des taux de change exorbitants, les prix des repas… Combien de temps pouvons-nous tenir comme ça ? » Mais, dit-il, pas question de se faire rapatrier.
« Je vois déjà la mort devant nous. Par – 15 °C, nos chances sont faibles. Mais il y a des familles avec enfants ici qui sont prêtes à tout. Même en cas de mauvaises nouvelles de l’UE, nous retenterons notre chance par la “jungle”. C’est le cas d’au moins la moitié de ceux qui sont ici. » S’il y a un point sur lequel s’accordent les autorités polonaises, les activistes et les réfugiés, c’est que la crise migratoire, bien que moins médiatisée qu’à ses débuts, n’est pas près de s’estomper. ( Extrait de l’article signé Jakub Iwaniuk pour Le Monde)