Robert Escallier évoque ainsi la notion de divorce sociétal et spatial et rappelle que ces « discontinuités territoriales » forment petit à petit des frontières intérieures qui séparent et éloignent les citoyens au sein même des quartiers. Ce sont là de véritables ghettos urbains qui cohabitent, telles des baronnies, chacun possédant ses modalités de fonctionnement, ses codes vestimentaires, son langage.
Des inégalités au décrochage scolaire
En 1970, près de 200 000 jeunes sortaient du système éducatif français sans diplôme. Néanmoins, le marché du travail parvenait encore à absorber cette main-d’œuvre non qualifiée, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Obtenir un diplôme est donc devenu un sauf-conduit pour quitter ces zones périurbaines. Malheureusement, les processus de déscolarisation interviennent majoritairement dans les contextes d’inégalités sociales et ces mêmes inégalités touchent davantage les banlieues que les grandes villes auxquelles elles sont rattachées territorialement. Pour l’observatoire des inégalités, les zones urbaines sensibles demeurent, de très loin, les territoires les plus défavorisés de France, on peut atteindre un niveau de pauvreté trois fois supérieur au reste de celui constaté dans le reste de la France.