L’extrême droite existe-t-elle donc en Algérie ? Une tradition de complaisance intellectuelle envers soi-même va nier l’évidence, et pourtant. Depuis quelques décennies, la revendication identitaire, le besoin de faire reconnaître sa différence ou sa culture, le combat pour sa propre visibilité ont lentement mué en un discours radical, de «souche», de «pureté» et ont abouti à un révisionnisme qui se décline en populisme islamiste pour certains, et en inquisition intellectuelle au nom du nationalisme chez les autres. Aujourd’hui, on ne peut pas critiquer sans se faire taxer de traître par les uns ou d’islamophobe par les autres par cette extrême droite de choix ou d’aigreur. Le discours raciste, anti-Noir, anti-Français ou de régression est désormais décomplexé dans les médias et nous avons des agités qui s’étonnent, sur des plateaux-télé qu’on puisse être anti-colonial et s’appeler Fernand Iveton. Ceux qui n’ont pas mené la guerre d’indépendance, aujourd’hui barbus et agréés, voilées et racistes, peuvent même se permettre de distribuer la nationalité, ou pas, aux martyrs. Du coup, on n’arrive même pas à défendre un film qui veut raconter l’histoire de Larbi Ben M’hidi hors de l’orthodoxie, on garde un silence honteux sur l’assassinat de Abane, on a pardonné à des égorgeurs de masse et des émirs tueurs qui sont aujourd’hui invités à des «Discussions» avec un Premier ministre ou sur des plateaux-télé et on prétend réviser l’histoire algérienne par «l’identité» et la confession et exiger de la France des excuses complètes. Mais là, l’extrême droite algérienne ne dira rien : terrain glissant pour le MSP, pour quelques éditorialistes à Echourouk. Il est plus facile d’exiger la vérité de Macron que de ceux, ici, qui connaissent la vôtre.
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