Mon fils m’a raconté ce qui s’était passé un peu plus tard dans la soirée. J’ai immédiatement déposé une réclamation auprès du directeur du magasin et j’ai reçu en retour des excuses à la noix ainsi qu’une vague promesse de geste commercial. Je n’en ai jamais plus entendu parler.
J’ai rappelé à mon fils que même s’il avait une raison parfaitement légitime de se trouver dans le magasin, même s’il avait l’argent nécessaire pour payer ses achats, et que même s’il portait la même capuche que beaucoup d’autres jeunes – ça fait presque partie de la tenue habituelle des adolescents –, il avait été le seul à être surveillé de près. C’était du racisme, bien sûr ; le résultat des contrôles au faciès quotidiens auxquels tant de jeunes Noirs sont toujours soumis.
La présence d’un Blanc jamais remise en cause
L’expérience a dû être bien différente pour les jeunes Blancs, habillés comme lui, qui se trouvaient dans le magasin. En général, quand des Blancs entrent dans un lieu public, ils considèrent comme allant de soi que leur présence ne sera pas sujette à caution. L’idée que quelqu’un puisse mettre en doute la légitimité de leur présence ou leur capacité à payer leurs achats ne leur passe jamais par la tête. C’est cela, le privilège blanc, ai-je expliqué à mon fils.