Creil : pendant la crise, les plus modestes peuvent compter sur leur bon Sam(aritain)

A Creil, tout le monde l’appelle Sam. Facile à retenir, les trois lettres sont brodées, noir sur blanc, sur son masque en tissu.

article par Paul Abran  publié sur le site leparisien.fr, le 25 08 2020

Depuis le début de la crise sanitaire et économique liée au covid-19, Sam Hennuyer, 57 ans, arpente les quartiers de sa commune, boîtes de masques sous le bras et sacs de courses à la main, pour les distribuer aux plus nécessiteux. Cette semaine encore, sept familles en ont bénéficié.

« Il est extrêmement généreux », souffle cette mère de famille et habitante du quartier du Moulin. La faute à de maigres revenus, elle a contacté Sam sur Facebook pour lui demander des masques. Le lendemain, à 11 heures, Sam sonnait à sa porte, une boîte de 50 protections à la main.

A cause de la crise, « beaucoup de familles sont en détresse et n’arrivent pas à joindre les deux bouts », déclare-t-il. Alors, pour « rendre service à Creil », sa ville de naissance et de cœur, et à ses habitants, Sam a fourni plus de 200 familles creilloises en masques, gel hydroalcoolique et nourriture ces six derniers mois. Et il n’est pas près d’arrêter. « Le nombre de cas positifs dans l’Oise est en hausse, il faut continuer d’agir pour nous protéger. »

«Trois attestations, puis dix, puis 100»
Tout a commencé à l’heure où la France entière se confinait, mi-mars. A l’aube des deux mois d’isolement, Sam, serrurier soudeur de profession, fait comme bon nombre d’entre nous : il imprime une autorisation de sortie et part faire les courses pour ses parents. Il anticipe même la pénurie de masques en commandant plusieurs boîtes « sur des sites chinois », se rappelle-t-il.

« J’ai d’abord remarqué que plusieurs personnes du quartier ne possédaient pas d’imprimantes, alors je leur ai photocopié des attestations. Trois, puis dix, puis 100, raconte-t-il. Ainsi que des devoirs pour les enfants ! »

Dans le coffre de voiture de Sam, il y a des masques mais aussi des courses de nourriture à destination des familles les plus modestes. DR

«Je ne fais pas les comptes, je m’en fiche»
Sam s’est aussi occupé des courses. « Des personnes à risque ne pouvaient pas se permettre de sortir, d’autres n’avaient plus les moyens d’avoir une alimentation saine. » Alors, il a multiplié les allers-retours entre les supermarchés de la ville et les habitants concernés, le tout à ses frais. « Je ne fais pas les comptes, je m’en fiche, confie-t-il. Je veux simplement aider les personnes qui en ont besoin. »

Et pour faire face aux fortes chaleurs, Sam et son équipe ont aussi distribué des brumisateurs aux anciens dans les Ehpad, ainsi que des tubes de crème solaire.

Entre commerces et particuliers, un bel élan de solidarité
Car non, Sam n’est pas tout seul. « Une réelle chaîne de solidarité s’est formée » à partir de ses actions, se réjouit-il. Avec lui, ils sont désormais cinq à distribuer régulièrement des masques et des denrées alimentaires aux plus démunis. Parmi eux, Nadia a pu récupérer quatre boîtes de masques pour 20 euros le tout au marché cette semaine. « Au début de la crise, une seule boîte pouvait coûter jusqu’à 25 euros », se souvient Sam.

Pendant le confinement, une pizzeria leur a offert une trentaine de pizzas qu’ils ont livrées à l’hôpital de Creil. « Des magasins nous ont fait des prix qui défiaient toute concurrence sur des boissons, des boulangeries de la ville nous ont préparé des petits-déjeuners à distribuer aux personnels soignants » et la liste est longue.

Très actif sur les réseaux sociaux

Entre-temps, d’autres se sont aussi greffés au groupe. Amina, une couturière de Creil, réalise des masques en tissu qu’elle offre aux plus modestes. « Une femme de Nogent-sur-Oise vient de me contacter, poursuit Sam. Elle propose aux familles de les aiguiller vers les bons services dans le cadre de leurs démarches administratives. »

« J’ai vu ses publications sur Facebook, il est très efficace, merci Sam ! » lance cet homme d’une cinquantaine d’années, résident au quartier des Cavées. Lui aussi a fait appel à Sam en début de semaine, pour obtenir une boîte de masques.

En effet, sur les réseaux sociaux, « Sam Max » est très actif. Il y met en images ses actions solidaires et invite les personnes dans le besoin à le contacter. « Souvent, en guise de remerciements, les enfants m’offrent des dessins et les familles des repas chauds. Une dame, à qui j’ai donné des masques, m’a préparé un excellent couscous au début de la semaine », sourit-il.

Sam, un personnage dessiné, masqué
« Il y aura toujours une place à ma table pour qui viendrait chez moi. » Voilà qui résume plutôt bien l’état d’esprit de Sam. Sa générosité et son altruisme, il les doit « à ses parents et leur éducation ».

Tous les lundis, Sam publie sur les réseaux sociaux une caricature de lui-même, un personnage masqué, pour souhaiter une bonne semaine aux habitants de Creil. DR

Fin dessinateur, il réalise, chaque semaine, à la gouache et à l’encre de Chine, une caricature de lui-même, un personnage masqué qu’il publie sur les réseaux. « De cette manière, je souhaite une bonne semaine aux Creillois et rappelle les gestes barrière à respecter, explique-t-il. Ce personnage a vocation à disparaître en même temps que l’épidémie. »