La praticienne se retrouverait aussi un peu moins sous pression : outre la dizaine de gardes par mois dont elle et ses médecins doivent s’acquitter pour tenir la permanence de soins, en raison du sous-effectif médical persistant, elle est aussi d’astreinte extrêmement souvent. En effet, ses trois praticiens à diplôme étranger doivent, en raison de leur statut, être toujours « seniorisés » par un médecin inscrit à l’Ordre, c’est-à-dire avoir au moins un senior comme elle joignable durant leurs gardes.
« C’est un peu hypocrite »
« Je me sacrifie un peu, mais c’est avec l’espoir que la situation se règle », reprend Hager Ben Mokhtar, qui espère, à moyen terme, avoir au moins un ou deux médecins de manière pérenne. Pour être attractif, « il faut un service solide, une équipe stable, avec la sécurité des soins », ce qu’elle est fière d’avoir atteint avec ses collègues hors UE, qui lui ont permis de sortir du cercle vicieux du recours à l’intérim.
Un étage plus haut, en gynécologie-obstétrique, le chef de service Pascal Abboud se trouve dans une situation plus rassurante. Derrière lui, les couloirs sont calmes avec seulement deux monitorings qui s’affichent sur un écran de contrôle, alignant les rythmes cardiaques de la mère, de l’enfant à naître et des contractions. « Certains services ne peuvent pas fonctionner sans médecins à diplôme étranger, ce n’est pas notre cas, confie-t-il. Mais il ne faut pas que ça se délite et qu’on entre dans une spirale, ça ne tient jamais à grand-chose. » L’homme de 58 ans compte, depuis près de vingt ans, quatre autres praticiens seniors dans son équipe, dont certains sont des ex-Padhue. Il s’inquiète désormais pour l’après : « On est quasiment tous des anciens [proches de la soixantaine]. Le problème c’est que la nouvelle génération va manquer, la relève est loin d’être assurée. »
Chez lui, les postes d’internes reposent aujourd’hui exclusivement sur des médecins à diplôme hors UE. « On n’a pas d’internes, c’est ça notre problème, juge-t-il. On embauche des médecins étrangers surdiplômés sur ces postes, c’est confortable pour nous, mais c’est moins une garantie pour l’avenir. »
Cela crée aussi des situations humaines peu évidentes, avec ce qu’il reconnaît être un « parcours du combattant » pour ces professionnels. Leila Boutaghou, 39 ans, gynécologue-obstétricienne algérienne, est arrivée lors de l’explosion du Covid-19, à