Quand Yohann Gène se pose avec des journalistes de L’Equipe pour évoquer les problèmes de racisme dans le cyclisme, le coureur n’y va pas par quatre chemins. Le Guadeloupéen de l’équipe Direct Energie salue d’abord « le culot » de Jean-René Bernaudeau, son directeur sportif, qui lui a permis de lancer sa carrière en Europe.
Pourquoi du culot ? « Parce qu’on (lui et Rony Martias, ancien coureur pro) était noirs, répond-il du tac au tac. Rony et moi entendions des gens parler dans le dos de Jean-René et même plus tard, quand on est passés professionnels, certains managers racontaient que c’était plus un coup marketing de sa part. »
Une source de motivation mais aussi une douleur
Mais au lieu de se dire « choqué » par ce type de comportements, Gène explique que « c’était plutôt une source de motivation supplémentaire. » « Jean-René ne manquait jamais l’occasion de nous rapporter ce qu’il entendait sur notre compte, il savait que ça nous boosterait », enchaîne-t-il.
« Ça n’a pas toujours été facile, on entendait les réflexions de certains étrangers, qui demandaient ce que deux noirs faisaient là. D’ailleurs, ils ne parlaient pas vraiment de Noirs, ce n’était pas leur terme exact. »
Yohann Gène veut « sensibiliser les consciences »
Non, ils parlaient de « négro ». « Oui, on m’a traité de négro… Ça faisait mal car ça rappelle toujours l’histoire de nos ancêtres. » Quand le journaliste lui demande s’il doit encore endurer cela aujourd’hui, Yohann Gène embraye : « Oui, et même parfois dans ma propre équipe. Il me faut toujours prouver plus qu’un autre que j’ai ma place, tout ça parce que je suis black. »