CULTURE – La lettre de Virginie Despentes pour dénoncer le racisme en France n’a pas fait l’unanimité, y compris auprès de ceux qui luttent également pour cette cause. Sur le plateau de “C Politique” dimanche 7 juin, la romancière Tania de Montaigne a expliqué en quoi le texte de l’autrice de “Vernon Subutex” lui posait problème.
extraits d’un article publkiés sur le site huffingtonpost.fr, le 09 06 2020
Au micro de France Inter, Virginie Despentes s’est attachée à décrire “le privilège blanc”, c’est-à-dire un quotidien où la couleur de peau n’est pas un problème ni même un sujet. “Je suis blanche. Je sors tous les jours de chez moi sans prendre mes papiers. Les gens comme moi, c’est la carte bleue qu’on remonte chercher quand on l’a oubliée”, écrit l’autrice à titre d’exemple.
Toutefois, cette explication n’a pas convaincu Tania de Montaigne, loin de là. Invitée par France 5 à débattre de l’existence de ce “privilège blanc”, l’écrivaine a mis en doute l’existence de ce concept, pointant en revanche un “défaut d’égalité” à l’égard des personnes discriminées.
“Trouver un emploi, ne pas subir une clé de bras quand elle sort de chez elle et qu’elle n’a rien fait… Ce n’est pas un privilège, c’est l’exercice des droits humains”, a expliqué Tania de Montaigne.
“Le sujet qui nous intéresse, ce n’est pas de regarder ce privilège qui n’existe pas, mais c’est de constater qu’il y a des gens, en raison de leur couleur, de leur religion, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur handicap, pour lesquels l’exercice des droits humains est soit tronqué, soit inexistant. Il y a donc une rupture d’égalité”, a souligné l’autrice de “L’Assignation: les noirs n’existent pas”, paru en 2018.
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Elle a également reproché à Virginie Despentes de “rééditer” – même sans y mettre d’arrière-pensée – le principe de “hiérarchisation des races”, c’est-à-dire “cette idée qu’il y a des Blancs qui sont géniaux, qui ont une vie de ouf (…) et puis il y a les autres, qui ne sont pas blancs.”
Pour Tania de Montaigne, cette vision comporte le risque immense de construire une société en se basant sur les différences plutôt que sur une humanité commune à toutes et tous. “Ce qui fait qu’il doit y avoir égalité, c’est simplement parce que tous ces gens-là sont des êtres humains. Donc la base c’est l’humanité”, défend-elle dans son intervention, qui a rencontré un immense succès.
La vidéo diffusée sur Twitter a en effet été visionnée plus de 100.000 fois en moins de deux jours, avec plus de 1000 partages.