Dans un second temps, Lucie Guimier s’est intéressée à l’anthroposophie, dont les adeptes manifestent une forte défiance envers la vaccination. Elle a analysé l’histoire vaccinale récente des Pays-Bas, l’une des terres d’origine de l’anthroposophie. « Au printemps 2008, une épidémie de rougeole se déclare au sein d’une école anthroposophique […] à La Haye (Pays-Bas). Sur les 34 enfants atteints, 31 ne sont pas vaccinés. Peu après, une épidémie est constatée au sein d’une autre école anthroposophique du pays, provoquant 16 cas. Dans les deux établissements, le taux de couverture vaccinale avoisine 65%, quand la moyenne nationale atteint 93%« , explique-t-elle.
« Si tu te vaccines tu vas devenir faible »
En France, l’anthroposophie compte officiellement 1 250 adhérents et probablement plusieurs milliers d’adeptes discrets. Lors de son enquête, Lucie Guimier a recueilli le témoignage d’un père de famille ayant décidé de retirer son enfant d’une école se réclamant de la philosophie anthroposophique. « Dans ce milieu, vacciner est perçu comme une faiblesse du corps : si tu te vaccines, tu vas devenir faible ! Alors on suit le même régime alimentaire, le même mode de vie et on a la même spiritualité, comme si c’était une force » raconte ce dernier. L’anthroposophie, qui gère une quinzaine d’écoles Steiner-Waldorf en France, s’appuie sur une doctrine médicale assez particulière, selon laquelle la santé des hommes dépend d’un équilibre entre l’émotionnel, le spirituel, le mental et le physique. « En anthroposophie, on veut « laisser faire la nature »« , explique Lucie Guimier.