Le cocktail le plus explosif est constitué par les lycéens qui sont à la fois tolérants envers la violence et radicaux dans leur vision religieuse : parmi ceux-là, 70% ne condamnent pas les auteurs des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Des extraits de l’enquête publiés par Le Monde font état de nombreux témoignages de lycéens qui estiment que les journalistes de Charlie « l’ont cherché » ou « un peu provoqué« , en contraste par rapport aux victimes du Bataclan. Autres chiffres pour le moins alarmants : 10% des lycéens estiment qu’il peut être acceptable de « combattre les armes à la main pour sa religion« , et ils sont 20% parmi les jeunes de confession musulmane interrogés. En parallèle, la religion de ces derniers les amène à tenir des positions pour le moins rigoristes : l’homosexualité n’est pas « une façon comme une autre de vivre sa sexualité » pour 64% d’entre eux, et 69% sont hostiles à l’interdiction de porter le voile à l’école.
Un « effet islam prépondérant »
Pour expliquer ces données, Anne Muxel et Olivier Galland évoquent plusieurs facteurs qui se cumulent et s’associent : les éléments économiques, évidemment, ces jeunes vivant dans des conditions sociales bien plus dures que la majorité de la population ; un sentiment de discrimination, deux fois plus fort chez les jeunes musulmans ; mais également un phénomène spécifique à l’islam. « Les musulmans reviennent fortement à une pratique religieuse, à l’inverse d’un mouvement de forte sécularisation des autres jeunes« , note Olivier Galland dans un entretien au Monde. Il existe selon les sociologues un « effet islam prépondérant » d’adhésion à la radicalité religieuse, qui peut se conjuguer avec un attrait pour la violence.