Les deux réalisateurs, Thomas Dandois et François-Xavier Trégan, ont retrouvé et interrogé des enfants ayant été enrôlés par l’organisation islamiste. Avec leurs témoignages, inédits, précis et, pour certains, confiés d’une voix innocente comme aurait dû l’être leur âge, un système d’une odieuse perversité se dessine.
« Ils nous disaient que là-haut on aurait des jouets, des voitures, des ordinateurs, au paradis, tout ce qu’on veut on l’a », dit Moussa, 12 ans aujourd’hui, libre après avoir été placé par Daech dans un centre réunissant une centaine d’autres enfants et situé à proximité de la ville syrienne de Raqqa.
« À force de voir des choses insoutenables, les enfants se sont habitués »
Remplissant de propagande ces très jeunes esprits, naïfs et influençables, les djihadistes les utilisent comme appântts pour capturer des prisonniers et les forment à l’attentat-suicide. Ils leur enseignent aussi les méthodes d’exécution au sabre, exemple réel à l’appui, en salle de classe. Précis et concentrés, Moussa et son frère, Youssef, 9 ans, reproduisent les gestes devant la caméra. « Puis ils prenaient la tête et la mettaient dans la voiture », conclut l’un d’eux.