Madame le rabbin pose là, avec bon sens, ce qui me gêne depuis l’enfance. Pendant des décennies, je me suis dirigée vers l’espace réservé aux femmes avec une docilité que j’ai du mal à m’expliquer désormais, et qui a nourrit ma colère en sourdine.
Rachid Benzine et Delphine Horvilleur : « Il y a mille et une façons d’être juif ou musulman »
J’emploie le « je », je pourrais dire « nous ». Car depuis l’incident de la rue des Saules et la rage qu’il a suscitée en moi, je suis sidérée par le nombre de juives et de juifs scandalisés par la ségrégation des femmes dans les synagogues. Celle qui est outrée qu’on se soit permis de lui demander de ne plus venir en pantalon. Celle qui ne voit pas au nom de quoi elle assisterait à l’office derrière un rideau. Ce jeune homme qui demande à sa mère pourquoi elle accepte cette humiliation. Cette femme qui se fait littéralement gueuler dessus pour avoir osé à peine soulever le rideau. Beaucoup désertent les temples ou se tournent vers les mouvements progressistes qui ont aboli cette séparation. Largement majoritaires aux Etats-Unis, ils se développent en France où l’on compte plus de sept lieux de culte réformé.