Le retour de la crise du Golfe
Pour comprendre les faits, il convient de revenir au mois de mai 2017, quelques jours seulement avant le déclenchement de la crise diplomatique qui secoue encore la région à ce jour. Dans la nuit du 24, l’agence de presse qatarie est piratée, et à la suite de ce piratage, de fausses déclarations de l’émir al-Thani sont intégrées au site Web de l’agence nationale.
C’est sur la foi de ces fausses déclarations que l’Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis, le Bahreïn et l’Égypte se fonderont pour déclencher un embargo terrestre et maritime à l’encontre du Qatar, assorti d’une liste de recommandations jugées irréalistes par de nombreux experts internationaux.
Sauf qu’entre le moment de ce piratage et l’action des quatre pays, le Qatar avait déjà annoncé le piratage de son agence, et l’émir al-Thani avait bel et bien démenti les faux propos qui lui avaient été attribués. Une enquête conjointe des services qataris et du FBI aboutira un peu plus tard à ce qu’il sera convenu d’appeler « la piste émiratie » dans les médias. En effet, des détails techniques auraient permis d’identifier une recrudescence importante et anormale d’adresses IP émiraties, quelques minutes seulement avant et après le piratage.
Tout cela n’aura toutefois pas empêché la chaîne Al-Arabiya de diffuser en masse les faux propos de l’émir Al-Thani, au détriment du démenti de ce dernier. La QNA s’est finalement plainte à l’Ofcom britannique, l’équivalent du CSA français, par le biais d’un cabinet d’avocat britannique, Carter-Ruck. Selon QNA, quelques mois plus tard et pour éviter une enquête officielle, Al Arabiya aurait rendu sa licence avec effet immédiat.