Alors que la djihadiste française Emilie Köning vient d’être arrêtée en Syrie, la réalisatrice Marion Stalens a suivi pendant plusieurs mois des jeunes femmes radicalisées après leur retour en France. Son documentaire « Revenantes » diffusé mardi 16 janvier sur France 2, donne la parole à celles qui ont réussi à rompre avec l’idéologie de Daesh. Article et interview publiés par le magazine Elle
ELLE. Pourquoi avez-vous choisi de travailler sur ce sujet ?
Marion Stalens. Je voulais comprendre ces femmes, non pas pour les excuser, mais pour lutter contre la radicalisation en récoltant la parole de gens qui s’en sont sortis. Il est extrêmement difficile pour une femme de revenir. Celles qui ont réussi à s’enfuir sont des exceptions, leur parole est donc précieuse. J’ai fait le choix de les écouter car je suis moi-même une femme et que ça me parait un mystère que l’on décide d’aller dans un endroit aussi hostile, où les contraintes à leur encontre sont extrêmes.
ELLE. Au fil de votre enquête, avez-vous trouvé un point commun à toutes celles qui ont basculé dans la radicalisation ?
Marion Stalens. Il y a toujours une faille ou un moment de fragilité dans leur parcours. Mais tous les êtres humains en traversent et ne se radicalisent pas. Il y a d’autres choses. Evidemment, elles ont fait des rencontres, sur Internet ou dans la vie réelle, avec des recruteurs ou des recruteuses. Beaucoup de ces femmes ont également connu des abus sexuels dans leur enfance. Et c’est une piste intéressante à creuser, car on peut imaginer des solutions pour la sortie de cette idéologie.