Comment appréhendes-tu les élections ?
Ce qui m’inquiète, c’est la politique étrangère que proposent les candidats. Si Le Pen passe, je m’en vais. À ce moment-là je dirais que la France est un pays raciste. Je pense que je ne serai pas la seule.
Penses-tu qu’il existe un racisme institutionnel aussi ?
Oui, et c’est une grande humiliation à chaque fois que je dois renouveler mon visa. Essayer d’avoir un bout de papier, c’est l’enfer. Souvent, quand je vais demander mes papiers, les gens de l’administration me demandent « à quoi tu sers en France ? » ou alors « vous réalisez tout ce que vous pompez ? » La dernière fois, un monsieur m’a carrément dit « bon il va falloir préparer votre départ. Dans votre pays émergent, il y a plein de marques de mode, il y a bien un Zara non ? » En fait, il refusait de me donner du pouvoir. Mais je paye mes impôts, j’organise des événements, j’essaye de créer des émulations. Maintenant, on me demande de gagner 130% du SMIC pour que je puisse devenir française. Sinon je devrais partir. Je suis en thèse, tu te rends compte ? Et puis je ne peux pas rentrer au Maroc. Je suis toujours « trop » étrangère.