Ce qu’ils pensent quand on leur demande : « mais d’où tu viens vraiment ? »

On te pose souvent cette question ?
Oui énormément. J’y réagis différemment selon les contextes. Lorsqu’on me demande « tu viens d’où » je trouve ça vague. Je réponds que je viens de Paris. Les gens sont souvent déstabilisés et enchaînent « ah non je voulais tes origines ». Je préfère quand la question porte sur mes origines. C’est une question de précision.

Tu t’es déjà senti discriminé ?
Oui complètement. Je suis métis donc physiquement je n’ai pas l’air d’être français de souche. Mais je suis aussi homo et queer. Ma sexualité pose souvent problème. Déjà petit on m’emmerdait avec des questions du genre « t’es une fille ou un garçon ? », « t’es pd ou travestis ? » J’avais 6 ans. Je ne me suis rendu compte de l’importance de ces questions que plus tard quand j’ai rencontré des amies afro-féministes qui m’ont fait prendre conscience de beaucoup de choses. J’ai alors compris qu’il n’était pas normal que les gens me touchent les cheveux comme s’ils étaient extra-terrestres, me demandent continuellement d’où je viens ou m’imposent des interrogations et des comportements qu’ils n’imposeraient jamais à des personnes blanches.