Le titre de l’exposition à la galerie L’Inattendue fait référence à l’artiste Francis Alÿs, qui travaille sur l’action, en apparence anodine, « inutile », sur le territoire — à l’image de son parcours sur l’ancienne frontière entre Israël et la Palestine, statuée en 1948 et aujourd’hui ignorée par la colonisation. En quoi ton geste artistique peut-il s’inscrire dans cette démarche ?
« Parfois, faire quelque chose ne mène à rien » est une oeuvre vidéo de Francis Alys dans lequel on le voit pousser dans les rues de Mexico un immense bloc de glace pendant des heures, jusqu’à ce qu’il ait complètement fondu. C’est un des artistes préférés d’Elsa, qui m’a fait découvrir l’art relationnel, les artistes marcheurs et la culture situationniste. Marcher le long d’un trajet de bus, tout comme installer sa table de cuisine dehors, sont aussi des actions dérisoires par rapport aux résultats obtenus. Dans le cas précis du Bus 60, ce n’est pas par cette action que je vais résoudre les problèmes liés à la gentrification, au vivre-ensemble ou l’occupation de l’espace public par les femmes — ce serait pourtant formidable ! Par contre, l’absurdité de ce geste permet de montrer un autre regard sur Paris, de faire réfléchir sur ces sujets, et de rappeler la valeur de l’action sur le résultat.
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