Paris, du Nord à l’Est

Belleville

Belleville

Autrement dit, ce projet a changé ton regard sur ces quartiers que tu fréquentes depuis toujours ? Observes-tu cette fameuse « gentrification » dans ces territoires originellement très populaires ?
Mon regard est celui d’une femme, d’une photographe, d’une personne qui a grandi dans ces quartiers. Je ne suis ni urbaniste, ni sociologue. J’observe que ces quartiers se transforment, se gentrifient, s’homogénéisent. Cette série photographique est une invitation à la réflexion. Il est indéniable que la rénovation urbaine permet de meilleures conditions d’habitat. Pour autant, elle se fait au détriment des classes populaires. Certes, elles continuent de traverser ses quartiers, mais elles y habitent de moins en moins. Il manque clairement une union des différentes communautés qui constituent ces classes populaires. Elles sont sous-représentées dans le débat, alors que ce sont les premières victimes de ces transformations. L’entre-soi des nouveaux arrivants, surreprésentés par des cadres du privé et des ingénieurs, plus que par les professions culturelles — les fameux « bobos » —, me choque. Ils ont peu de liens avec les classes populaires, et c’est très visible : il suffit d’observer l’absence de mélange d’un café à l’autre dans ces quartiers. Chacun investit le lieu qui lui ressemble et peu s’offrent la curiosité d’entrer dans celui d’à côté.