Nobel de la paix : Denis Mukwege, un médecin contre le viol

Des années après, elles sont encore souvent accablées par la honte. Les femmes violées de l’est du Congo sont victimes d’une guerre civile qui n’en finit pas, commencée il y a plus de vingt ans. Un conflit qui a repoussé pour elles les limites de l’horreur. Des femmes brisées qui par milliers ont été soignées par le docteur Mukwege. Dans son hôpital de Panzi, dans la ville de Bukavu. C’est ici que le nouveau prix Nobel vit encore aujourd’hui, sa maison gardée en permanence par des soldats des Nations unies. À force de dénoncer les atrocités de la guerre dans son pays, Denis Mukwege est lui aussi devenu une cible. Tous les jours, le docteur parcourt ces dizaines de mètres qui le séparent de ses bureaux. L’hôpital de Panzi est l’œuvre de Denis Myukewege, fondé en 1999. Le docteur est alors gynécologue dans l’est du Congo, ravagé par la guerre civile. Il constate l’apparition d’un nouveau phénomène. De son hôpital, le docteur Mukwege est aux premières loges. Il voit les cas de violences sexuelles se succéder. Pour lui, c’est clair : le viol est devenu une arme de guerre.

Plus 50 000 femmes soignées par Denis Mukwege

Formé en France à la gynécologie pour aider les femmes à mieux accoucher, le docteur décide de consacrer sa vie à réparer les femmes victimes de viol. Vingt ans à prendre la direction du bloc opératoire, à répéter les mêmes gestes. II est arrivé au docteur de soigner la mère, puis quelques années plus tard la fille, et enfin la petite-fille, toutes violées. Denis Mukwege a donc commencé publiquement à dénoncer publiquement les atrocités de la guerre au Congo, les porter aux yeux du monde et partager son admiration pour les femmes de son pays. En vingt ans, plus de 50 000 femmes ont été soignées par l’hôpital de Panzi. Des femmes accompagnées également dans leur reconstruction par l’apprentissage d’un métier. Des femmes réparées et reconnaissantes. Le docteur est bien décidé à poursuivre son combat tant que la guerre continuera dans son pays et que les femmes en seront les premières victimes.