79% des Français croient à au moins une théorie du complot répandue, selon une étude de l’Ifop pour la fondation Jean-Jaurès et le site Conspiracy Watch.
Les Etats-Unis ont développé une puissante arme capable de provoquer des cyclones et des séismes n’importe où dans le monde. Al-Qaeda et Daech sont en réalité manipulés par les services secrets occidentaux. Il existe un projet caché appelé «nouvel ordre mondial» consistant à mettre en place une dictature planétaire. La Nasa a fabriqué de fausses images de l’atterrissage de la mission Apollo sur la Lune. Certains membres du gouvernement américains étaient informés des attentats du 11 Septembre avant leur survenance. Cet article a été rédigé par un journaliste à la solde des Illuminati. Et au moins huit lecteurs sur dix sont persuadés que l’une de ces affirmations est vraie.
Tous complotistes, les Français ? Oui, selon une étude de l’Ifop pour la fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch, publiée lundi. 79% d’entre eux adhèrent à au moins une des théories du complot les plus répandues, pour certaines à des degrés particulièrement importants. Par exemple, un Français sur deux considère que le ministère de la Santé français est complice de l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité de la nocivité des vaccins sur la population, un sur trois envisage que le sida a été inventé en laboratoire, près d’un sur dix croit qu’il est «possible que la Terre soit plate». Ils sont aussi encore un peu plus d’un sur cinq à douter de la «version officielle» de l’attentat de Charlie Hebdo.
Souvenez-vous. Le 7 janvier 2015, peu après l’attaque des frères Kouachi contre la rédaction de l’hebdomadaire satirique, un nombre incalculable de théories remettant en cause les informations données par la police et les médias avait fleuri sur Internet, à mesure que les internautes s’improvisaient enquêteur ou journaliste participatif. Le phénomène n’avait rien de nouveau : on le sait depuis longtemps, plus les conséquences d’un événement sont choquantes, plus la population cherche spontanément à lui attribuer des causes exceptionnelles. Et donc parfois à les chercher «ailleurs». Mais à l’époque, la vitesse avec laquelle ces thèses s’étaient répandues, jusque dans les salles de classe, avait impressionné les pouvoirs publics, qui avaient réagi en intégrant cette problématique à leur action (campagnes de prévention, initiatives dans la société civile, etc.)
Trois ans plus tard, la fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch ont cherché à estimer le niveau actuel de la contamination complotiste qu’on avait pu observer à l’époque, tout en identifiant le profil de ceux qui sont les plus enclins à y croire. Leur étude, réalisée par l’Ifop via un questionnaire en ligne les 19 et 20 décembre, porte sur un échantillon de 1 252 personnes de plus de 18 ans, ce qui en fait l’enquête d’opinion sur le complotisme la plus importante jamais réalisée en France.