Leïla Slimani: « Beaucoup de Marocaines ne savent pas quels mots utiliser pour parler de sexualité »

« À la fin de plusieurs conférences que j’ai données au Maroc, pour présenter Dans le jardin de l’ogre, j’ai discuté avec des femmes et on a été amenées à parler de sexualité », raconte-elle au HuffPost Maroc. « Elles m’ont parlé de leur propres expériences, de leur rapport à la fois au plaisir, à l’intimité, à leur corps. Mais aussi à la pression sociale qu’elles ressentaient et la difficulté d’être une femme libre aujourd’hui pouvant vivre sa sexualité de manière épanouissante », continue-t-elle.

Beaucoup avaient du mal à prononcer certains mots ou ne savaient même pas quels mots utiliser pour parler de sexualité.

Les premières recherches pour son essai ont coïncidé, comme elle le rappelle au HuffPost Maroc, avec une série de scandales au Maroc. A titre d’exemple, elle cite l’affaire d’Amina El Filali, la sortie du film « Much Loved », le lynchage de plusieurs homosexuels, ou encore l’arrestation des deux femmes d’Inzegane pour avoir porté des robes. « Je me suis demandée pourquoi la sexualité provoque une telle hystérie et des réactions tellement épidermiques au Maroc. Est-ce que les lois qui continuent à régir la question de la sexualité au Maroc sont toujours tenables? Est ce qu’on peut les appliquer? Ce sont là les questions que je pose dans cet essai ».

Dans ce travail, l’auteure a choisi de donner la parole (presque) strictement aux femmes, mis à part quelques témoignages de la gent masculine vers la fin de son essai. « Je n’ai pas exclu les hommes, mais ce sont essentiellement des femmes qui sont venues me parler, puisque très souvent dans les conférences littéraires, elles représentent la majorité », explique-t-elle au HuffPost Maroc.