Le Samusocial de Paris appelle à renforcer l’accueil et la protection des femmes sans abri

 « Nous estimons que les besoins, en tenant compte des personnes qui, découragées, n’appellent pas, s’élèvent à 1 360 places, précise Vanessa Benoit, directrice générale de ce groupement d’intérêt public. Aujourd’hui, 14 % des personnes à la rue sont des femmes, sept fois plus que les 2 % recensés par l’Insee, en 2012, et le nombre d’entre elles qui sollicitent un hébergement à Paris, a augmenté de 66 % entre 2006 et 2016. Il y a urgence à leur offrir un accueil et un accompagnement adaptés. »

Capacités « encore insuffisantes »

A Lyon, sur les 1 240 appels d’urgence quotidiens, 96 femmes restent sans solution : « Un effort significatif a été réalisé par l’Etat, avec l’ouverture et la pérennisation de 1 500 places d’hébergement essentiellement destinées aux familles, désormais bien moins nombreuses dans la rue ce qui est une très bonne chose. Mais les capacités pour accueillir notamment les femmes isolées sont encore insuffisantes », explique Maud Bigot, responsable, à Lyon, du service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) qui gère le 115 local.

Lors de la Nuit de la solidarité organisée, le soir du 20 au 21 janvier, dans une trentaine de villes, en France, celle de Bordeaux a recensé 182 femmes et 344 hommes à la rue, sans compter 200 personnes vivant dans des squats et des campements. « Le manque d’hébergements et de places adaptées aux besoins des personnes selon leur genre est une réalité à Bordeaux », reconnaît-on au cabinet du maire Pierre Hurmic (Europe Ecologie-Les Verts).

Trois profils de femmes se retrouvent à la rue : les migrantes, loin de leur pays qui, neuf fois sur dix, ont subi des agressions voire des viols lors de leur voyage puis en France, victimes de la traite d’êtres humains ou d’abus sexuels pour obtenir un hébergement ; les femmes sans abris « suradaptées à la vie dans la rue depuis des années », selon les termes de ce rapport de la mission femmes du Samusocial de Paris ; enfin, la rue recueille aussi de jeunes femmes en rupture familiale, victimes de violences ou d’abandon.