Monsieur Mpozagara lui coupe d’ailleurs plusieurs fois la parole, quand la juge l’interroge. Madame Mpozagara s’énerve d’un ton autoritaire face au tribunal, et dit qu’elle n’était pas « méchante », comme l’a déclaré aux enquêteurs Méthode Sindayigaya : « Ce n’est pas de ma faute si Méthode n’a pas revu sa femme et ses enfants pendant dix ans ! Il était libre comme l’air ! » À un mètre d’elle, sur le banc des parties civiles, Méthode Sindayigaya, 39 ans, écarquille ses petits yeux ronds, l’air calme, et doux.
« Pourquoi est-il resté dix ans chez vous à travailler s’il n’avait pas de visa ? », s’étonne un juge
Les Mpozagara jurent au tribunal qu’ils ne l’ont jamais, au grand jamais, réduit en esclavage dans leur villa de Ville d’Avray, en banlieue parisienne. « On n’avait pas besoin de lui pour s’occuper de notre fils handicapé ! », clame Gabriel Mpozagara. Et il prétend qu’il « y a des preuves que Monsieur Sindayigaya allait à l’extérieur tout seul ». Selon lui, Méthode, fervent catholique, allait librement chaque dimanche à la messe, et pouvait parler tout aussi librement avec un prêtre rwandais. Il aurait donc pu lancer des SOS, sous-entend Gabriel Mpozagara ! Et il finit par se dire « victime d’avoir protégé Méthode », qui n’avait pas de visa spécifique pour travailler en France.