Iyad el-Baghdadi, une voix libre dans le monde arabe
Aucun agenda
Dans une région où beaucoup d’intellectuels ont tendance à s’aligner sur un camp, l’activiste détonne. Il est le symbole d’une génération qui, dans la continuité d’un Samir Kassir, considère que le combat pour la cause palestinienne est indissociable du combat contre la tyrannie dans toute la région. Alors que, par le passé, une partie de la gauche arabe a lié son destin à celui des régimes autoritaires, Iyad el-Baghdadi ne répond à aucun agenda. Critique de toutes les dérives autoritaristes, quelles qu’elles soient, il se dit guidé par sa seule « foi, sa morale et ses principes ». Sa stratégie et sa connaissance des réseaux sociaux font mouche. Sur Twitter, son analyse de la région est rapidement recherchée et l’usage de l’anglais lui permet à la fois de se démarquer et de se protéger. Le hashtag #ArabTyrantManual qu’il crée en se moquant des dictateurs arabes réagissant aux révolutions devient viral. Iyad el-Baghdadi continue de dénoncer le régime syrien, et de démonter une à une les théories complotistes qui pullulent. « Chers apologistes d’Assad “soutenant” la Palestine, le sang des enfants palestiniens n’est pas plus rouge que celui des enfants syriens », écrit-t-il en 2015. « J’ai été radicalisé à une époque, après l’invasion américaine en Irak, je lisais beaucoup sur le salafisme jihadiste. Puis je me suis déradicalisé seul. Les printemps arabes ont vraiment posé le dernier clou de ce passé-là, car cela m’a fait comprendre que je n’avais pas besoin de la violence », confie-t-il.