Étrangement, nous n’évoquons jamais ces couples, ces familles et leurs enfants. Y a-t-il eu une seule manifestation dans ce pays pour s’opposer à ce que les plus irresponsables, les plus incapables et les plus détraqués d’entre nous aient le droit de procréer ? Jamais. Cela choque-t-il quelqu’un ? Personne. N’importe qui peut devenir père ou mère dans l’indifférence générale. Votre voisin alcoolique, votre collègue névrosé, votre cousine analphabète, les drogué-e-s, les psychopathes, les violents, les pires fanatiques, sans que cela ne soit jamais questionné. Les opposants à la gestation pour autrui, qui vocifèrent à la moindre occasion, sont d’ailleurs les premiers à taire le sujet. Et pourtant, ils ne cessent de harceler la population en répétant inlassablement la même question : «Quel est l’intérêt supérieur de l’enfant ?»
De l’intérêt supérieur de l’enfant
Certains répondent : que l’enfant soit aimé de ses parents quel que soit le sexe de ces derniers, qu’il soit soutenu quoi qu’il arrive, qu’il ait des conditions sociales et matérielles d’existence décentes, qu’il reçoive la meilleure éducation possible, qu’il puisse voyager et découvrir le monde, qu’il soit encouragé à se cultiver sans cesse, qu’il se sente regardé et aimé comme il mérite de l’être, par exemple. Les opposants, eux, clament que l’intérêt supérieur de l’enfant est d’avoir «un papa» et «une maman»… fussent-ils d’ignobles individus. Qui n’a jamais côtoyé ou aperçu ces familles constituées d’un «papa» et d’une «maman» en y observant tant et tant d’horreurs : des pères absents ou fouettards dépourvus d’empathie aux mères tyranniques, en passant par tous ceux qui saccagent littéralement la vie psychique de leur progéniture, faut-il rappeler que les familles dites normales sont peuplées de monstres ? Or, nous ne remettons jamais en cause le fait que ces «monstres» puissent avoir des enfants. C’est ainsi.