F. K. : Il est indispensable de savoir à quel niveau de dangerosité se situent les personnes. Il y a plusieurs catégories. Les endurcis sont comme du béton, j’en ai rencontré en prison, ceux-là, il faut les neutraliser humainement parce qu’ils représentent une menace pour la société. Il y a les repentis qui ne représentent qu’une petite minorité. Et dans l’entre-deux, les indécis pour lesquels je suis persuadé que nous pouvons les faire revenir dans le giron de la société. Ceux-là, il faudrait les aider à prendre une attitude réflexive et critique quant à leur expérience et à leur trajectoire, ce qui nécessite beaucoup de vigilance et surtout de les suivre sur le long terme. Enfin, les traumatisés qui ont assisté à des scènes de cruauté, et qu’il faut prendre en charge cliniquement.
Pourquoi d’autres utopies, qui ne passeraient pas par le religieux, ne parviennent pas émerger ?
F. K. : Elles existent mais ne sont pas exploitées. A mon avis, l’humanitaire, l’écologie ou le féminisme pourraient être réactualisés, ré-utopisés. Comment ? Il faut de nouveaux acteurs et actrices, et que ces phénomènes soit investis de vérité. Pour le moment, c’est le populisme qui capte l’attention. D’ailleurs, le populisme à la sauce Trump est une version polie de ce que le jihadisme est en impoli.
(1) Ouvert en septembre 2016, près de Chinon, ce centre n’a accueilli que neuf pensionnaires et n’en avait plus depuis février.