En dehors de la campagne présidentielle, l’épisode délirant du Burkini de cet été est un bel exemple d’astroturfing, dans lequel politiques et médias sont tombés à pieds joints. Et si on remonte plus loin, on ne compte plus les sujets d’actualité que les médias on mis à la Une suite à une campagne d’astroturfing, pris pour un mouvement d’opinion.
Quand on tape “astroturfing” dans Google, on finit par tomber sur votre nom, sous des powerpoints présentant le phénomène pour Sciences Po, datés d’il y a déjà quelques années. Votre travail prend-il une autre dimension aujourd’hui ?
J’ai longtemps été classé comme complotiste ou catalogué comme un hurluberlu, ça m’a même valu d’être qualifié de “facho” quand j’ai tenté d’alerter sur le fait que tout cela amènerait inexorablement Le Pen à la présidence de la République… Mais maintenant que l’élection de Donald Trump repose précisément sur ces piliers, les messages des politiques ont radicalement changé. Ils commencent à revenir vers moi et à essayer de comprendre ce que j’ai bien pu vouloir dire durant tout ce temps. Il faut dire qu’entre Steve Bannon – le chef de la stratégie de Trump – et Breitbart News, son usine à “fake news” qui a porté la campagne de Trump, Peter Thiel, le Mr Numérique de Trump et fondateur de Palantir, startup iconique de la surveillance de masse, Alexander Nix, qui a marié la psychométrie et la Big Data au service du Brexit, et avec bien sûr le rôle joué par les hackers et Wikileaks durant la campagne présidentielle américaine… les contenus de mes cours sont soudain passés de la politique fiction à une triste réalité.