Les Etats-Unis, suite à une fuite orchestrée par Anonymous, ont montré qu’ils développaient des outils pour mettre en place des opérations d’astroturfing. Snowden a révélé que le CGHQ – les services de renseignement anglais – faisait de même et savait manipuler n’importe quel sondage, tels que ceux que vous trouvez quotidiennement sur les sites médias. Cela n’inquiétait personne jusqu’à ce que l’astrotrufing apparaisse, avec la Big Data, la psychométrie et les fake news, comme le fer de lance de la campagne électorale de Donald Trump.
Donc les politiques ont également recours à ce genre de pratiques. Qui d’autre ?
A ce jour, trois type d’acteurs ont été identifiés formellement. Les Etats, comme je viens de vous l’exposer, les marques, et les groupes politiques. Et c’est sans doute là que réside le potentiel le plus disruptif de l’astroturfing, dans l’usage qu’en font les groupes politiques informels – au sens où ils ne sont pas coordonnés de façon claire et n’obéissent pas à une autorité centralisée. On a longtemps confondu ce type d’activité avec le trolling en oubliant que le trolling n’est qu’un mode opératoire, pas nécessairement une finalité en soit. Ces groupes informels, souvent constitués à l’occasion et aussitôt dissous, sont capables de faire monter un sujet dans l’actualité, et peuvent faire passer des vessies pour des lanternes, notamment aux yeux de la presse qui n’a toujours pas compris ce qu’étaient les réseaux sociaux. Les exemples sont nombreux et remontent à des années, on ne compte plus les sujets ainsi apparus dans l’actualité du seul fait du savoir-faire d’un petit groupe de quelques centaines de personnes, qui parvient à se faire passer pour un véritable mouvement d’opinion et imposer un sujet dans l’actualité.