Leur crainte est de se voir refuser l’asile car une bonne partie d’entre eux ont déjà été enregistrés dans le premier pays où ils ont débarqué : l’Italie ou l’Allemagne.
La seule vue d’un appareil photo leur fait peur. Ils n’ont pas encore coupé les ponts avec leur pays, la guerre, la répression et redoutent toujours d’être vus, dénoncés, pourchassés par quelque ennemi invisible. La présence des employés de la préfecture d’Ile de France, de l’Office d’immigration et d’intégration, de la Mairie de Paris et celle de 350 effectifs de la préfecture de Police a plutôt l’air de les rassurer. Elle montre aussi que les autorités commencent à être rôdées.
Les 2771 migrants seront logés dans des gymnases, des salles de fête désaffectées, tout local pouvant les accepter en Ile de France. Ils seront nourris et pourront recevoir des soins, mais pendant 3 ou 4 semaines seulement. Ensuite, ce sera de nouveau l’inconnu car personne ne compte être régularisé en moins d’un mois même si les procédures vont s’accélérer. Mais d’autres prendront leur place. C’était la 34ème opération de ce genre en deux ans. Ca ne sera pas la dernière me souffle Béatrice avant d’enfourner dans un vaste sac en plastique des pantalons et des T-shirts crasseux, troués, déchirés, abandonnés là par les migrants.
Philippe Rochot