L’émotion laisse place à la mobilisation. La communauté internationale accentue sa pression sur la Libye, après la révélation de marchés aux esclaves dans le pays. Mise en garde de l’ONU, mesures diplomatiques de pays africains… La diffusion le 14 novembre d’un reportage de CNN, dans lequel des migrants africains sont vendus aux enchères, ont servi d’électrochoc. Publié par l’Express
Lundi, le Burkina Faso a décidé de rappeler son ambassadeur en Libye, le général Abraham Traoré. Cette décision, prise une semaine avant le sommet Union africaine à Abidjan, ne marque toutefois pas une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.
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« Le président du Burkina Faso a demandé que l’ambassadeur revienne pour le ‘briefer’ sur ce qui se passe en Libye pour qu’il ait toutes les informations nécessaires avant le sommet d’Abidjan qui va se pencher sur cette situation en Libye », a explique le chef de la diplomatie du Burkina Alpha Barry.
La Cour pénale internationale saisie?
De son côté, le président du Niger Mahamadou Issoufou appelle la Cour pénale internationale (CPI) à « se saisir du dossier », évoquant des « crimes contre l’humanité ». En parallèle, l’ambassadeur de Libye à Niamey a été convoqué dimanche par les autorités nigériennes pour lui faire part de l’indignation du président Issoufou.
Le ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yacoubou a ajouté, sur son compte Twitter, avoir notifié au diplomate libyen que « tout doit être mis en oeuvre pour faire cesser cette ignominie » dont les auteurs doivent être « sanctionnés ». Plusieurs ONG nigériennes ont également condamné la vente de migrants en Libye, Etat voisin du Niger. Dès vendredi, le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Guinéen Alpha Condé, et le gouvernement sénégalais s’étaient « indignés » des cas d’esclavage en Libye.
Enfin, le gouvernement sénégalais a demandé que « les autorités libyennes compétentes », l’UA et l’ONU mènent sans délai une « enquête sur cette pratique d’un autre âge afin que toutes les dispositions soient prises pour y mettre fin ».
« Outrage à la conscience de l’humanité »
A cette indignation d’Etats africains s’ajoute l’action de la communauté internationale. A commencer par l’ONU. Lundi, son secrétaire général, Antonio Guterres, a assuré que ceux qui se livrent à l’esclavage pourraient être traduits en justice pour de possibles crimes contre l’humanité. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a lui dénoncé un « outrage à la conscience de l’humanité ».
Face à ces pressions, le gouvernement libyen d’union nationale (GNA) a affirmé dimanche qu’une enquête avait été ouverte sur ces cas d’esclavage. Dans un communiqué diffusé sur Facebook, le vice-premier ministre Ahmed Metig a affirmé qu’il chargera une commission d’enquêter sur ces rapports de presse afin d’appréhender et soumettre les responsables à la justice ». La tache s’annonce néanmoins complexe, dans un pays ou l’administration s’est effondrée avec la chute de Muhammar Kadhadi.
Depuis la chute en 2011 du régime, les passeurs, profitant du vide sécuritaire et d’une impunité totale en Libye, font miroiter à des dizaines de milliers de personnes cherchant une vie meilleure un passage vers l’Italie qui se trouve à 300 kilomètres des côtes libyennes.